Culture

Alfred De Vigny, le romantisme à fleur de peau

S'il fut plus familier de Paris et de son domaine du Maine-Giraud en Charente, c'est à Loches, au 10 rue des jeux, que naquit Alfred de Vigny, le 27 mars 1797. Une ville que ses parents quittèrent deux ans après la naissance du futur poète, contraints par une situation financière devenue difficile, pour s'installer dans un des logements de l'Elysée-Bourbon, à Paris.

Dans la carrière… à reculons.

Après une éducation que ses parents voulurent la plus complète, Alfred, issu d'une noble lignée militaire, prit le chemin des garnisons, mais en traînant les pieds. Il accède toutefois au grade de sous-lieutenant de la Garde royale à 17 ans et fera partie de l'escorte de Louis XVIII, lors de la fuite de ce dernier devant Napoléon, au moment des Cent-Jours. Mais les années qui suivirent justifièrent son manque d'enthousiasme. L'occasion lui est enlevée de partir combattre en Espagne en 1823, et il connaît pendant quelques années la vie routinière des casernes. Une vie à laquelle il renoncera définitivement en 1827.

Naissance d'un romantique

Mais, dans l'intervalle, de Vigny s'est pris de passion pour la littérature et fréquente un cercle d'auteurs réunis autour de Victor Hugo, tels que Musset ou Théophile Gautier, qui dessinent les contours du romantisme à venir. Il publie ses premières œuvres dans la revue Le conservateur littéraire, la revue de Victor Hugo, et, en 1822, un recueil de poésie intitulé sobrement « Poèmes », sous un pseudonyme. Si ces premières expériences n'attirent pas l'attention, les œuvres suivantes, dont le recueil « Poèmes antiques et modernes », paru en 1826, rencontrent le succès . Un succès confirmé, la même année, par le roman historique « Cinq-Mars ». Cette même année, il s'installe à Paris avec Lydia Bunbury, qu'il a épousée l'année précédente. Vigny tâte également du théâtre avec une adaptation d’Othello, reçue diversement par une critique encore peu habituée au nouveau style romantique. Elle sera beaucoup plus unanime quant à « Chatterton », une pièce présentée en 1835. Viendront d'autres pièces, écrites pour la comédienne Marie Dorval, avec qui il entretiendra une relation tourmentée, et qui fournira à Vigny l'une des figures symboliques de son œuvre.

Poète maudit

Une œuvre traversée par la désillusion et le tragique de la condition de poète, malmené par un monde et une quotidienneté où celui-ci n'a pas sa place. D'autres parias prennent vie sous la plume de Vigny, qu'ils soient militaires, ou amoureux éconduits. Une âme désabusée, qui se retirera plusieurs années au Maine-Giraud au chevet de sa femme, après une rupture avec Marie Dorval. Vigny poursuit toutefois son œuvre, composant notamment « La mort du loup » et « Les destinées », et se fait finalement élire à l'Académie en 1845. Lydia s'éteint en décembre 1862. De Vigny la rejoindra le 17 septembre 1863. Il meurt à paris d'un cancer de l'estomac et sera inhumé au cimetière Montmartre. En 1909, le sculpteur François Sicard réalisera une statue de bronze du poète, installée place de la Marne à Loches, où un lycée porte son nom.

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