Culture

Beat Matazz

L’Allemagne très régulièrement, et bientôt Los Angeles… Mais qu’est-ce qui fait courir le Tourangeau Beat Matazz ? Le magazine PROG l’a rencontré pour tout connaître de ses projets.

Trente minutes. C’est le temps qu’il a fallu à Marco Pilliteri, alias Beat Matazz, pour nous rejoindre à Tours, sur une terrasse ensoleillée du mois de juillet. A la différence de nombreux musiciens locaux, le batteur et beatmaker s’est installé à la campagne. Une option de bon sens (ne pas déranger les voisins avec ses percussions et ses compositions électroniques), devenue un vrai coup de cœur.

Mais l’homme de 34 ans est loin de vivre en ermite. Au contraire : il aime partager sa musique, pour sortir d’une niche électro où il se sent bien, mais dont il aimerait parfois éroder quelques clichés. « Parce que je joue avec des machines, on me présente parfois comme DJ, alors que je ne crée pas une ambiance de soirée en diffusant des disques, je ne fais pas non plus de scratch. Il y a toute une pédagogie à faire, ce qui m’a donné l’idée du concert pédagogique « Push the button », une histoire de sample et des musiques électroniques, que j’ai donné dans des écoles et que je propose maintenant au grand public. J’y parcours un siècle d’inventions technologiques et de courants musicaux, de 1920 à 2020 ».

Autre erreur : penser que l’homme, parce qu’il utilise des machines, ne joue pas de la musique. Petit point technique : sur son sampler MPC, le musicien programme chaque bouton. 1 bouton = 1 son. Mais une fois sur scène, à lui de jouer pour créer ! Le batteur (drummer en anglais) devient ainsi fingerdrummer.

Et s’il fallait un argument pour prouver que Beat Matazz est musicien à part entière, pour ceux qui tiennent l’enseignement « classique » en condition sine qua non de la profession, sachez qu’après l’école de musique de Saint-Cyr-sur-Loire, il a fait ses classes de batteur-percussionniste au conservatoire de Tours, puis à Nantes.

Pour l’amour du live

« Je travaille sur ce projet Beat Matazz depuis sept ans. J’ai commencé avec deux énormes valises pleines de machines, il me fallait une heure d’installation sur scène. Au fil du temps, j’ai tout dégagé, j’ai réduit à une boîte à rythmes, et parfois un looper pour faire des boucles et superposer plus de couches musicales pendant les concerts (car après tout je n’ai que deux mains !). J’aime jouer dans l’instant, improviser avec l’imprévu, vivre un moment unique qui reste un souvenir ».

Cet amour de la scène l’a emmené jusqu’à Berlin, dont il avait déjà fréquenté les rues à l’époque du duo Funktrauma qu’il formait avec Stephen Besse aux claviers. Il y est retourné ensuite pour participer au Sample Music Festival, dont il a remporté la Battle en 2018. Depuis, chaque année ou presque, les samples de Beat Matazz retentissent donc à Berlin ou Francfort, à l’invitation de ses confrères.

Vers Los Angeles… et au-delà ?

Prochaine étape de ses périples musicaux : Los Angeles, avec le soutien de la région Centre Val de Loire et de l’Institut Français. But du jeu ? Explorer en deux semaines la scène électro californienne, proposer des concerts, travailler sur ses nouveaux projets, et « créer des ponts pour essayer d’y aller peut-être tous les ans ? »

En attendant ce voyage de fin d’année, c’est en Touraine que Beat Matazz branche ses machines, aux côtés des planches à dessin de Baptiste Pagny (Babache Studio). Ensemble, les deux artistes imaginent un concert augmenté, un projet à mi-chemin entre ciné-concert et concert électro agrémenté de vidéos (qui seront lancée depuis les machines de Beat Matazz). « Une fable écologiste, qui est née de nos premiers échanges. C’est un sujet qui m’anime, une conviction au quotidien qui me motive à réduire ma consommation, à produire ma propre électricité… Et ça me fait plaisir d’être cohérent, de pouvoir véhiculer par ma musique des questions qui font sens pour moi ».

Avant de s’envoler pour la Californie en novembre prochain, Beat Matazz sera aussi sur scène en Touraine : au festival les Pieds dans la Sauce le 26 août, à l’In’Ox de Langeais le 27, au Foudre de la Guinguette de Tours le 7 septembre. Quant au projet de concert augmenté dont il cherche encore le titre, on en découvrira les premiers extraits au musée des beaux-arts de Tours, le 15 décembre. Pour le beatmaker tourangeau, hors de question de presser le bouton « pause » : « J’ai envie de me consacrer à 100% à ce projet pour le faire grandir ». Rendez-vous à l’Astrolabe d’Orléans le 18 février 2023 pour découvrir ce projet porté par sa compagnie, Systemic.

A suivre sur Facebook et Instagram @beatmatazz

 

crédit photo : Julien Poulain

 

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