Culture

Ce mardi, tout est permis !

Le Mardi-Gras, fête mobile, tombe cette année le 21 février. Un moment fort et festif du calendrier, d’autant plus qu’il est suivi du carnaval. Mais savez-vous vraiment pourquoi ? Un rappel, peut-être, s’impose...

Il arrive que les traditions païennes et chrétiennes s’imbriquent, s’entrecroisent, se complètent, au point qu’on ne sait plus très bien à quel événement précis correspond telle fête du calendrier. Si l’habitude de faire des crêpes le jour de Mardi-Gras et d’assister à un défilé extravagant le dimanche suivant est établi, en connaît-on encore, en 2023, la raison ?
Les racines de cette fête, avant qu’elle ne soit gourmande et festive, remontent en fait à l’antiquité romaine, ce jour-là signifiant alors la fin de l’hiver et le début – certes précoce – du printemps. Pour les Chrétiens, qui ont adopté cette date à la suite des Romains, le Mardi-Gras possède évidemment une autre signification : concluant la « Semaine des sept jours gras » et précédant le mercredi des Cendres, il marque l’entrée dans le Carême, période de quarante jours au cours de laquelle, jusqu’à Pâques (le premier dimanche après la pleine lune qui suit l'équinoxe de printemps), les Chrétiens mangent maigre, c’est-à-dire qu’ils s’abstiennent de consommer de la viande et des matières grasses. Le but du Mardi-Gras est donc de faire ripaille avant de se serrer la ceinture. Du moins, sans aller jusqu’à festoyer sans vergogne, de vider les placards, d’utiliser les œufs et le beurre avant qu’ils ne se perdent (ce qui sera le cas dans quarante jours et quelques), et donc... de faire des crêpes.

Le célèbre carnaval de Manthelan

C’est aussi autour de cette date – souvent, le dimanche suivant – que se déroule le carnaval (du latin « carnelevare », « enlever la viande »), dernière grande fête avant les journées maigres et plus ou moins austères.
En Touraine, chacun connaît celui de Manthelan, qui attire chaque année dans ce bourg du plateau de Sainte-Maure des milliers de curieux. Une dizaine de chars, avec leurs mascottes géantes, côtoient les fanfares à percussions, jongleurs de talent, clowns grimaçants, danseuses et danseurs virevoltants venus de divers départements pour célébrer comme il se doit les derniers jours avant le Carême.
Si le carnaval est fêté ici plus spectaculairement qu’ailleurs en Touraine et même dans toute la région, c’est par la grâce de deux joyeux lurons locaux, Augustin Branger, dit « Pipelet », et Théodore Fontaine, alias « Cocodache ». Le premier, violoniste et unique musicien à la ronde, avait l’habitude de jouer lors des noces ou pour les danseurs qui se réunissaient dans l’atelier de menuiserie où il travaillait. Le deuxième, peintre de son état, était un ami pas moins amateur de bonne ambiance. C’est à eux que revint l’honneur d’organiser les fêtes du carnaval en 1869, lors desquelles ils entraînèrent dans leur gentil délire les habitants déguisés, fêtes qui s’achevèrent le mercredi des Cendres par un feu de joie. Une tradition était née, qui devait finalement trouver sa place dans le calendrier le dimanche après le mercredi des Cendres.

Concocté par une vingtaine de bénévoles à l’année, et quatre-vingts le jour J, le carnaval de Manthelan, reconnu par l’État comme patrimoine immatériel de la France, se déroulera sur le thème des années 60 le dimanche 26 février de 15 h à 18 h. Un retour très attendu après trois éditions annulées pour cause de tempête (2020) et de crise sanitaire.

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