Culture

Georges Courteline, tourangeau quand-même

S'il est né à Tours le 25 juin 1858, Georges Courteline, de son vrai nom Moineau, passa la plus grande partie de sa vie à Paris, où ses parents, déjà installés, le firent venir alors qu'il avait cinq ans. L'écrivain reviendra pourtant en Touraine à plusieurs reprises, en 1898, par exemple, pour une soirée poétique, mais, surtout, en 1914, alors que Paris est menacée par les troupes allemandes.

Bureaux et casernes...

Georges Courteline est le fils de l'écrivain et dramaturge Jules Moineau, né en 1815 à Tours au 34 rue Etienne Marcel, d'un père ébéniste, d'abord formé au métier paternel, qui préféra embrasser la carrière de journaliste puis d'auteur. Après ses études, Georges passa un an dans un régiment de chasseur à cheval puis entra à la Direction générale des cultes du ministère de l'Intérieur où il travaillera comme expéditionnaire pendant une quinzaine d'années. Ces deux expériences nourriront son œuvre, et fonctionnaires et militaires peupleront ses nouvelles et pièces de théâtres, faisant l'objet de caricatures mordantes, notamment dans « Messieurs les ronds de cuir », sans doute son roman le plus connu, dans « Allô », ou encore dans « Les gaietés de l'escadron », qui sera porté à l'écran en 1932, interprété par Raimu et Fernandel. Courteline y dépeint avec humour la mesquinerie, la rouerie et la bêtise de personnages médiocres et sans grande ambition.

Amour et tribunaux...

La Justice n'est pas en reste et l'écrivain, marchant dans les pas d'un père chroniqueur judiciaire, met en scène les procès incongrus, les situations juridiques et règlements absurdes, égratignant les juges un peu trop désinvoltes avec leurs obligations, mais beaucoup moins s'il s'agit de s'entretenir avec certaines plaignantes… Le satiriste s'amuse aussi de la vie de couple, de ses duperies et de ses infidélités, de ses scènes de ménage, qu'il pousse parfois au paroxysme, comme dans « Les Boulingrin », comme de la vie quotidienne, en familier qu'il était des terrasses de café. Ses multiples saynètes, croquis et nouvelles lui valurent la reconnaissance du public comme des institutions. Décoré de la Légion d'honneur en 1899, il en est fait officier en 1912 et commandeur en 1921.

Courteline a fui Paris en 1914 pour sa Touraine natale, s'installant d'abord à Noizay, puis à Rochecorbon. « Piéton de Tours », il parcourt les bords de Loire et la ville, s'attardant aux terrasses et surtout au Café de la Ville de la rue nationale. En 1916, il soutient, à son procès, le soldat Baptiste Deschamps, traumatisé par les combats, qui s'était rebellé contre les traitements aux électrochocs du Dr Clovis Vincent, lors d'une affaire que la presse appela « L'affaire Dreyfus de la médecine ». En 1924, George Courteline est atteint d'une gangrène à la jambe droite, qui s'aggrave et conduit à une amputation. Son autre jambe lui sera enlevée cinq ans plus tard, lors d'une opération dont il ne se réveillera pas. Il meurt le 25 juin 1929, rue de la Santé, à Paris. A Tours, une plaque rappelle sa maison natale, au 49 rue de la rue qui porte aujourd'hui son nom.

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