Culture

Jacques Villeret : de la Touraine à la lune...

Il fut omniprésent sur les écrans pendant trente ans. Avec près de 70 longs métrages, 9 courts métrages, une vingtaine de pièces de théâtres et une vingtaine de téléfilms, Jacques Villeret excellait dans les rôles de personnages lunaires, gentils, drôles et touchants, et fut unanimement reconnu comme le « comédien le plus attachant du cinéma français ».

Pilier du cinéma français

Des personnages qui restent cultes, dix-huit ans après sa mort, et qu’on ne pourrait classer par ordre d’importance, de l’envoyé d’Oxo de « La soupe au choux », au François Pignon du « Dîner de cons », en passant par le Momo des « Frères Pétards », le Reichsminister Ludwig von Apfelstrudel de « Papy fait de la résistance » ou encore Mo dans « L’été en pente de douce », de Gérard Krawczyk. Mais Jacques Villeret sut également endosser des rôles plus graves ou plus inattendus : Simon, dans « Le bon et les méchants », de Lelouch, le général Weistermann, dans le « Danton » d’Andrej Wajda, ou encore Jacques Rezeau dans « Vipère au poing », de Philippe de Broca. Un talent salué par deux César, dont celui du meilleur acteur pour « Le dîner de cons », et plusieurs nominations aux Molières.

Une adolescence tourangelle

De son vrai nom Jacky Boufroura, l’acteur est né à Tours le 6 février 1951, d’Ahmed Boufroura, un kabyle algérien installé à Tours, et d’Annette Bonin, alors très jeune coiffeuse, à Loches. Une union mal acceptée par les parents de cette dernière, ce qui mena au divorce du couple quelques mois après la naissance de l’enfant. Remariée à Raymond Villeret, celui-ci donnera son nom à Jacques.

Le jeune Jacky découvre le théâtre alors qu’il est adolescent, et se produit à Loches, avant d’intégrer, après des études au lycée Descartes, le Conservatoire de Tours, puis le Conservatoire de Paris. En 1973, Yves Boisset, qui tourne son film « R.A.S. », le recrute pour le personnage d’un appelé pendant la guerre d’Algérie. Cette première expérience cinématographique lance sa carrière et des réalisateurs majeurs feront désormais appel à lui : Yves Boisset une deuxième fois, Claude Lelouch pour huit films, Elie Chouraqui, Jacques Rozier, Jean Giraud, Jean-Marie Poiré, ou encore Jean Becker.

Ultra-terrestre...

Personnalité torturée, Jacques Villeret trouve trop souvent refuge dans l’alcool. Une souffrance et une addiction qui le conduisent parfois, selon son ex-femme Irina Tarassov, à un comportement violent, qu’elle relate dans un livre sur sa relation avec le comédien, ce que démentira sa demi-sœur Ghislaine Villeret, dans une émission télévisée. Le comédien, malade du foie, décède le 28 janvier 2005. Ses obsèques ont lieu à Tours, en présence de plusieurs centaines de personnes, de personnalités du cinéma et du ministre de la Culture. Il est inhumé à Perrusson, près de sa grand-mère. A Tours, une salle de spectacle porte son nom, rue de Saussure. A Loches, un buste de l’acteur a été édifié dans le jardin public et un portrait en trompe-l'œil, réalisé sur la façade de l'École de musique.

 

Photo : V.Liorit

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