Environnement

L’Aurore, un papillon a fait le printemps

Presque un symbole qu’il disputerait à l’hirondelle. Si son nom, qu’il doit à l’extrémité jaune-orangée et lumineuse des ailes du mâle, évoque le levé du jour, l’Aurore annonce également le retour du printemps. Ce papillon, de la même famille que la Piéride du chou, est en effet un des premiers à quitter sa chrysalide et l’on peut, dès mars, le voir virevolter dans les prairies humides, plutôt que dans les potagers.

Un fin gourmet

À cet orange printanier, mâles et femelles ajoutent, sur leurs ailes antérieures, un réseau de taches vertes, qui rappellent un petit feuillage. Une parure qui pourrait être un camouflage, mais moins efficace cependant que la couleur de sa chenille, qui se fond parfaitement avec le vert de la tige des plantes sur lesquelles pond le papillon. Des Crucifères, telles que la Tourette, l’Alliaire ou la Moutarde sauvage, parmi une quinzaine d’autres, mais, surtout, la cardamine, sa préférée, qui lui vaut son nom latin d’Anthocaris cardamines. Une association difficile à expliquer, sinon par une co-évolution, que l’on retrouve chez d’autres espèces de papillons, comme l’Azuré du serpolet, mais aussi parce que les crucifères ne s’offrent pas à tout le monde, et disposent d’un système chimique de défense anti herbivore, toxique pour d’autres espèces. Si l’on souhaite voir l’Aurore de plus près, il faudra donc reconnaître cette plante, qui ne mesure pas plus de 25 cm et qui fleurit de février à juin. Ses fleurs sont blanches et violacées et ses pétales sont disposés en croix. Ses feuilles ont la forme de lobes et ses fruits allongés - dits siliques -, s’ouvrent en s’enroulant pour libérer les graines. L’Aurore est gastronome. De la famille des brassicacées, comme le chou, la moutarde ou la roquette, la cardamine -à ne pas confondre avec la cardamone- peut être utilisée en cuisine et offre des saveurs piquantes et proches du cresson.

On pourra observer l’Aurore jusqu’en juillet, dans les prairies et les zones humides et herbeuses. On en trouvera à coup sûr à l’étang du Louroux, sur l’île de la Métairie ou encore dans le val de Choisille. Mais il s’agira d’ouvrir l’œil. Il n’est, d’une part, pas parmi les plus grands, avec ses 30 à 40 mm d’envergure, et, bien que courant et très répandu, il ne vole pas en nombre et c’est surtout aux toutes premières heures de sa vie qu’il déborde d’énergie et se manifeste le plus. Ensuite, après la période de reproduction, la femelle pondra ses œufs -un seul par plante- sur une cardamine, déposant également une phéromone répulsive qui interdira la ponte à d’autres femelles. Les chenilles sortiront, après une semaine seulement, et profiteront des fleurs en boutons de la plante nourricière. Puis les chrysalides traverseront l’automne et l’hiver, dissuadant les prédateurs grâce à leur forme en épine pour annoncer en février la bonne nouvelle du retour du printemps. Rendez-vous est pris !

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