Environnement

L'Engoulevent d'Europe

Un nom étrange pour un oiseau particulier. L'Engoulevent tient son nom du catalan engola-vent, « avale-vent », parce qu'il volerait le bec ouvert pour attraper des insectes. Son nom latin, Caprimulgus europaeus, « suceur de chèvre », n'est pas moins énigmatique. Il vient d'une vieille légende, selon laquelle l'engoulevent téterait les chèvres et les empêcherait de donner du lait… Sans doute faut-il voir là un exemple de notre habitude de prêter aux oiseaux nocturnes les pratiques les plus maléfiques. En Touraine, on n'a pas constaté de déficit de lait de chèvre, mais on a observé des Engoulevents dans l'ouest du département, dans les environs de Chinon, mais aussi en forêt de Larçay et de Loches.

Presque invisible...

Il faut souligner le mérite des observateurs, car pour le voir, il faut le vouloir. D'abord parce que ça n'est qu'au crépuscule et le temps d'une nuit que l'Engoulevent d'Europe part en quête de son repas, composé de plusieurs variétés d'insectes. Ensuite parce que son vol, comme d'autres oiseaux nocturnes, est très silencieux, grâce au plumage particulier de ses ailes. Surtout, parce que l'oiseau est un champion du camouflage. Son plumage fait de brun, de gris et de beige, lui permet de se fondre dans le décor, qu'il soit perché sur une branche ou tapis sur le sol, parmi les feuilles mortes, comme il aime à le faire, s'aplatissant quand il perçoit une menace, et plissant même les yeux pour minimiser encore les risques d'être reconnu. C'est d'ailleurs au sol qu'il niche, dans les landes, les prés, ou les coupes forestières.

...mais audible.

Alors, pour le reconnaître, il faut savoir qu'il mesure environ 25 cm, pour une cinquantaine de centimètres d'envergure. Ses ailes sont longues et pointues, au bout desquelles, chez le mâle, se trouve une petite tâche blanche, comme sur les coins de sa queue. Ses pattes sont courtes, comme son cou, et le mâle présente une rayure claire et courbe, tracée sous ses yeux, absente chez la femelle. Mais on peut aussi l'entendre. Son chant est une sorte de longue trille continue, qu'il ne se lasse pas d'émettre, parfois toute une nuit, mais il peut également pousser un cri qui ressemble à un coassement, à certaines occasions. L'hiver, il serait inutile de le chercher, il s'absente pour rejoindre l'Éthiopie, le Soudan ou d'autres zones de l'Afrique tropicale.

 

Comme bien d'autres oiseaux, l'Engoulevent doit faire face à des menaces de plus en plus inquiétantes. La population des insectes dont il se nourrit se réduit rapidement, à cause, entre autres, des intrants chimiques utilisés en agriculture. Les landes, qui constituent son habitat, se sont réduites en Touraine, au profit des plantations de pins et de l'urbanisation. Craintif, il est en outre très sensible au dérangement et peut abandonner son nid à la venue d'un intrus. Aussi, il est vivement conseillé de ne pas s'éloigner des sentiers forestiers et de tenir les chiens en laisse.

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