Culture

La nouvelle mue de l’Hôtel Consulaire

Au numéro 4 bis de la rue Jules Favre à Tours se trouve un hôtel particulier cossu du XVIIIe siècle. Depuis le départ de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) en 2019, l’Hôtel Consulaire, également connu sous le nom de Palais du Commerce, accueille des expositions et manifestations culturelles. Une pépite architecturale, attribuée au tourangeau Pierre Meusnier, qui s’apprête à connaître une grande campagne de travaux sous la houlette du Conseil Départemental d’Indre-et-Loire, son actuel propriétaire. Découverte d’un site majeur du patrimoine tourangeau.

Un édifice dévolu au commerce

Au milieu du XVIIe siècle, la communauté des marchands merciers et drapiers de la Ville de Tours fait l’acquisition d’immeubles, alors propriété des Jésuites, pour y installer leur juridiction consulaire et leurs affaires. Dès 1757, sur ce même emplacement, est construit un nouvel édifice : l’hôtel de la bourse. Si son architecte n’est toujours pas connu avec certitude, le nom du tourangeau Pierre Meusnier (1702-1781) est souvent évoqué. Achevé en 1759, le bâtiment se compose de quatre corps de logis de style classique, qui encadrent une cour centrale. Particulièrement bien conservé, l’édifice est l’un des rares témoins de l’agencement d’un hôtel de commerce au XVIIIe siècle.

Jusqu’à la Révolution, il abrite une halle aux draps, une salle d’audience, une chapelle, des bureaux, un magasin de vente et même une salle « d’aunage », qui avait pour fonction le contrôle, la mesure et le marquage des pièces de tissus qui transitaient dans les lieux. En 1791, la Loi Le Chapelier interdit les corporations et les groupements professionnels d'acteurs économiques et sociaux. Le bâtiment devient alors un bien public et de nombreuses institutions viennent s’y installer, comme le tribunal de commerce, le tribunal de district et le conseil des Prud’hommes. Le bureau des marchands, le dépôt des marchandises et le bureau d’aunage, conservés dans l’édifice, sont bientôt rejoints par la Chambre de Commerce, créée en 1802. Juridictions civiles et commerciales vont se côtoyer en ce lieu jusqu’en 1818, date à laquelle le tribunal de première instance choisit de déménager au Palais de justice.

Restaurer pour préserver et envisager l’avenir

Une première grande campagne de restauration du bâti a lieu à la fin du XIXe siècle sous la houlette de l’architecte Louis Hardion qui entreprend de rénover l’édifice : la chapelle est supprimée au profit de la salle d’audience du tribunal et les vastes pièces sont lambrissées et ornées de peintures de Georges Souillet, et plus tard de Maurice Mathurin, qui représentent les activités de la Touraine au XVIIIe siècle, comme la soierie, la tannerie, ou la viticulture. Une seconde campagne de restauration a lieu après la seconde guerre mondiale, alors que l’édifice échappe miraculeusement aux terribles bombardements qui ont détruit le centre de Tours en 1940 et 1944.

En 2019, à la suite du déménagement de la CCI, l’hôtel consulaire est remis au Conseil Départemental d’Indre-et-Loire qui, à son tour, engage une grande campagne de restauration. Première étape entre 2020 et 2022 : des travaux de viabilisation, de sécurisation et d’isolation sont menés pour un coût de près de 500 000 euros. Une étape nécessaire, notamment pour raccorder l’édifice au réseau de chaleur de la Ville de Tours. Deuxième étape, poursuivre les travaux de « clos couvert » initiés par la CCI.

Le 10 octobre dernier, une réfection des ailes nord et ouest a démarré et devrait se poursuivre jusqu’en juillet 2023 avec, entre autres, le remplacement de la couverture et des châssis des deux façades et la consolidation de la charpente et des cheminées. Pour cette deuxième phase de travaux, une enveloppe de 735 000 euros a été débloquée par le Conseil Départemental qui a également déposé une demande de subvention auprès de la DRAC. Un investissement indispensable pour permettre au bâtiment d’entamer une nouvelle vie.

Imaginer le devenir de l’Hôtel Consulaire, c’est d’ailleurs l’objectif d’un Comité de Pilotage qui planche actuellement sur ses possibilités d’aménagement. Une phase d’étude qui devrait aboutir à une nouvelle période de travaux, probablement en 2024. En attendant de connaître sa destination future, l’Hôtel consulaire, ouvert pour la première fois au public en 2020, accueille régulièrement des expositions et des animations culturelles, comme la France Design Week ou encore Les z’Animaux musiciens de Michel Audiard. Nul doute que ce bâtiment qui a connu plusieurs vies continuera d’abriter avec élégance une part de l’Histoire tourangelle.

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