Culture

Le château de Cinq-Mars-la-Pile

Ce n'est pas le plus connu ni le plus prestigieux des châteaux de Touraine. Mais il est de ces sites où  l'admiration béate laisse place à la rêverie, et le faste éclatant à la sérénité et à l'imagination. Le château de Cinq-Mars offre un cadre idéal aux visiteurs qui souhaiteraient, pour un moment, retrouver une quiétude, somme toute, très tourangelle.

Un site pittoresque et poétique

Il surplombe le village de ses deux tours, qui, déjà, annoncent une atmosphère on ne peut plus romantique. Le site a connu plusieurs versions de ce château, modifié au cours des siècles. Cité au XIe siècle, Cinq-Mars conserve, outre ces deux tours, d'anciennes dépendances aujourd'hui habitées par les propriétaires, qui proposent également un gîte. Les douves du XIIe siècle, reparementées au XVe siècle, ainsi que l'ancien pont à trois arches, ajoutent à la poésie du lieu. Les artistes ne s'y sont pas trompés et quelques aquarelles, dont une d'Eugène Delacroix, témoignent d'un pittoresque évident. Un ensemble bâti que le Conseil Départemental a contribué à préserver en soutenant la restauration d'un escalier du XVe siècle.

Le jardin de Louis Bussienne

Mais c'est le jardin, en grande partie conçu par Louis Bussienne au milieu du XVe siècle, qui achève de séduire le visiteur. Jardinier en chef du jardin botanique de Tours, Louis Bussienne fut propriétaire du château pendant vingt ans, mais vécu encore vingt ans dans le bourg de Cinq-Mars-la-Pile, après la vente du château. Cet attachement s'est incarné dans les cyprès, les séquoias, un if d'Irlande au diamètre rare, ou les calocedrus, que le jardinier planta et qui ont survécu aux décennies. Mais les propriétaires actuels, Gildas et Louis-Paul Untersteller et avant eux Nicolas, le père de Louis-Paul, ont apporté leur touche personnelle à ce jardin, en ajoutant quelques résineux tels que des pins douglas ou un cèdre, et en redessinant les allées. C'est que Nicolas Untersteller, un artiste, qui dirigea par ailleurs l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, bien que d'abord indifférent à l'idée d'être propriétaire d'un château, ne pouvait pas ne pas imprimer sa sensibilité au jardin. On peut d'ailleurs visiter son atelier, où une douzaine de ses œuvres sont exposées.

Romantique et romanesque

Si le château de Cinq-Mars n'est pas celui du héros du Roman éponyme d'Alfred de Vigny, qui vivait à Chaumont et tenait son patronyme d'un titre de son père, ce nom participe néanmoins du romantisme ambiant, par le destin tragique d'Henri d'Effiat, marquis de Cinq-Mars, puni de mort à vingt-deux ans pour avoir conspiré contre Richelieu, auquel De Vigny consacra son roman. Un destin pour lequel, plus récemment, le claveciniste Olivier Beaumont s'est pris d'intérêt. En 2021, il publie « Le tombeau du jeune Cinq-Mars », relatant la relation de Cinq-Mars avec Louis XIII. Olivier Beaumont a séjourné à Cinq-Mars, à l'invitation de ses propriétaires, goûtant ainsi à cette atmosphère romantique conférée par les deux tours, que son héros a, peut-être, lui aussi, contemplées.

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