Environnement

Le chêne de Cheillé

Non, ce n’est pas une illusion d’optique : à Cheillé, petite commune du Ridellois, un « Arbre remarquable », labellisé en tant que tel – et on comprend pourquoi ! –, sort tout bonnement du mur de l’église. Mais quelle est la main malicieuse à l’origine de cette plantation insolite ?

En matière d’arbres remarquables, la Touraine n’est pas la moins bien pourvue des provinces françaises. Chacun connaît le Cèdre du Liban, véritable « star » plantée en 1804 (sous Napoléon !) dans le jardin du musée des Beaux-Arts, à Tours. D’autres végétaux, au jardin des Prébendes, au Botanique, ou encore à Amboise, Fondettes, Veigné, font partie de ce « club » des « Arbres remarquables de France » répertoriés sur le site web arbres.org. Un label attribué à des particuliers ou à des collectivités qui œuvrent pour leur sauvegarde et qui répondent à des critères bien définis : âge, hauteur, circonférence, historique…

Le chêne de Cheillé a été distingué en 2018. Mais à vrai dire, il est connu dans le département depuis bien plus longtemps, les curieux s’offrant régulièrement le détour par ce village (plus précisément, dans le bourg) pour admirer de visu le phénomène. S’il a atteint un âge vénérable, qui force le respect – au moins 200 ans, sans doute davantage – c’est sa position qui le rend attractif, puisqu’il a tout simplement poussé dans le mur de l’église, entre deux contreforts, endroit improbable dont il surgit avant de s’élever jusqu’à 12 mètres de haut. Aux beaux jours, son feuillage recouvre la petite route qui longe l’édifice religieux. Peu pratique pour la circulation des poids lourds (heureusement rarissimes ici).

Œuvre d’un geai ou d’un corbeau

Et pourtant... Comme il fragilisait le monument du XIIe siècle, l’idée fut émise un temps de l’abattre. « Pas question ! », s’opposèrent les habitants, qui se cotisèrent pour financer les travaux de consolidation nécessaires. Et le vieux chêne est toujours en place. Un tour de force !

À l’intérieur de l’église Saint-Didier (le saint patron des vendangeurs), on ne devine rien ; les racines, invisibles, se sont faufilées dans la pierre. Quant à la main malicieuse qui aurait déposé un gland dans un endroit inhabituel, il semblerait qu’elle ait toutes les caractéristiques d’une patte d’oiseau, geai ou corbeau selon certains Cheiblaisois.

Ce n’est pas le seul petit trésor de l’église de Cheillé à être répertorié au plus haut niveau : de l’autre côté du mur épais, un Christ en croix du xvie siècle, au visage qui ne ressemble à aucun autre connu, est classé au titre des Monuments historiques. Retrouvé en 1947 dans le clocher, restauré par la suite, lui aussi mérite toute l’attention des curieux en vadrouille dans ce petit coin de Touraine, à quelques coups de pédale des châteaux d’Azay-le-Rideau et de l’Islette, ou du musée Maurice-Dufresne, récemment rebaptisé Cité rétro-mécanique Maurice-Dufresne.

 

Photo : © Aurore Poveda

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