Culture

Le jardin des vikings

Rue des Ursulines, à deux pas des Archives départementales, qui ne livrent leurs secrets qu’aux plus assidus, les curieux de l’histoire de Tours peuvent consulter un document à ciel ouvert, dans une salle de lecture verdoyante. Mais l’endroit n’a pas toujours été aussi calme...

Tour, poterne, courtine

Dans ce jardin des Vikings, les vestiges du mur d’enceinte de l’ancienne cité tourangelle racontent une histoire vieille de près de deux mille ans. L‘apparent désordre de son appareil – l’agencement de ses pierres - révèle les différentes étapes de sa construction et les événements dont l’édifice fut témoin. C’est durant la première moitié du IVe siècle que débuta la construction du castrum gallo-romain, ce dont atteste l’alternance, courante à l’époque, de moellons et de briques, visibles dans le mur par endroits. La fortification fut prolongée les années suivantes, pour protéger une ville désormais élevée au rang de capitale de la province lyonnaise. Pour compléter ce rempart, 16 tours furent édifiées, dont plusieurs ont survécu, quoique modifiées. Parmi elles, la tour du Petit-Cupidon, est encore visible à l’extrémité est du mur. Autres témoins de ces temps lointains, une poterne, porte aménagée dans la muraille, ainsi que la courtine qui reliait la tour du Petit-Cupidon, au mur de l’ancien amphithéâtre, lequel fut intégré à la fortification du castrum de 9 ha.

Vikings go home

C’est au sein de cette courtine que le souvenir des vikings se fait concret. Aux IXe et Xe siècles, ces derniers profitèrent de la confusion politique et militaire du royaume pour assaillir monastères, abbayes, églises et villes, et piller leurs richesses. Après les régions côtières, ce sont les habitants des bords de la Seine et de la Loire qui voient, terrorisés, s’avancer les knörrs redoutés. Car leur réputation de barbares sanguinaires les a précédés, amplifiée, qui plus est, par les moines, qui furent leurs premières victimes. Au début des années 850, Nantes, puis Angers subissent des raids, et en 853, Tours est attaquée. Les vikings pillent l’église Saint-Martin, avant de s’en prendre à l’abbaye de Marmoutier. En 903, ils reviennent, brûlent Amboise et Bléré et s’en prennent aux défenses de Tours, ménageant une brèche dans le rempart, qui témoigne encore aujourd’hui de l’assaut. Mais, selon la légende, ils sont pris d’effroi devant la châsse abritant les reliques de Saint-Martin, que les défenseurs, déterminés, ont apporté sur les remparts. Les vikings seront ensuite repoussés jusqu’à Saint-Martin-le-Beau, où ils seront finalement défaits. Pour commémorer cette victoire et en remerciement de Saint-Martin, un petit autel fut érigé en 1883, relatant l’épisode miraculeux, qui trône encore au sommet du mur, au-dessus de la brèche.

D’autres vestiges subsistent des fortifications du castrum, comme ses fondations, qui se trouvent aujourd’hui dans les caves du musée des Beaux-Arts, une de ses tours devenue dépendance du musée, ou encore une de ses poternes, quai André Malraux. On pourra en savoir davantage sur le castrum du Bas-Empire en consultant l’atlas archéologique de Tours sur le site de l’Inrap : multimedia.inrap.fr/atlas/tours

 

Photos : V.Liorit

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