Culture

Les loges de vignes, un précieux petit patrimoine

Bien que tombées en désuétude et bien moins nombreuses qu’autrefois, elles sont encore bien présentes en Indre-et-Loire. Les loges de vignes, fleurons du petit patrimoine du Val de Loire, restent chères au cœur des tourangeaux, qui aiment à se souvenir de ces petites bâtisses, témoins du labeur, mais aussi des moments joyeux du travail de la vigne.

Lieu de vie

En Touraine, on les appelait cabanes, grottes, caburoches, cabirottes ou encore choquettes. Elles ont subi les aléas de l’histoire de la viticulture et se sont retrouvées parfois bien seules quand le phylloxera poussa les vignerons à préférer les vergers ou quand, dans les années trente, les vignobles furent réorganisés, création des AOC oblige. Mais beaucoup sont encore là et jalonnent le paysage ligérien pour rappeler l’époque où les vignerons vivaient quasiment sur place pendant les périodes les plus denses du travail de la vigne, avant la mécanisation. Ils s’y abritaient en cas d’intempéries, y prenaient leurs repas grâce à leurs cheminées, y fêtaient la fin des vendanges, y entreposaient bois et outils.

Tuffeau et tuiles de pays

Construites entre le XVIIe siècle et le début du XXe siècle, on utilisait généralement le tuffeau pour leurs murs et leurs chaînages, enduits de chaux, bien que la brique fût également présente, notamment pour les cheminées. Elles comportaient une porte et, au moins, une fenêtre dont le linteau pouvait être sculpté, présentaient parfois une corniche ouvragée ou décorée d’une frise, et la couverture était faite de tuiles plates ou d’ardoises. Sur les murs de certaines d’entre elles, des mosaïques complétaient la décoration. À l’intérieur, les vignerons disposaient d’une pièce sobrement meublée, avec table, banc et éventuellement un placard, aménagée d’un trou fermé par une trappe, dans le sol carrelé de terre cuite, en guise de glacière pour les boissons. Dans un coin, un fagot de sarments attendait d’alimenter la cheminée. Certaines loges pouvaient comporter une deuxième pièce et abriter un cheval.  Des treillis étaient parfois installés sur les murs pour y accueillir de la vigne, et des parterres de fleurs entouraient la loge. Elles prenaient parfois des formes surprenantes, comme celle, aujourd’hui en ruine, au toit pyramidal en pierre, près du hameau des Ees, à Loches, ou d’autres, à la longue cheminée tubulaire.

Les loges font toujours l’objet de l’attention de tourangeaux soucieux de leur préservation. Des passionnés, des communes, des associations en ont cartographié ou rénové quelques-unes, et les Maisons paysannes de Touraine ont édité, il y a quelques années, un guide pour leur préservation et leur restauration. Certaines ont même été aménagées en gîtes ! En 2015, elles ont inspiré l’aménagement d’abris à Chouzé-sur-Loire et à Savonnières, sur le parcours de la Loire à vélo, dans le cadre du concours de micro-architecture « Loire et loges».

 

Photo : V.Liorit

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