Environnement

Les montagnards sont là !

Depuis l’automne dernier, des observateurs ont relevé la présence en Touraine d’un Tichodrome échelette et d’un Accenteur alpin. Une nouvelle qui pourrait laisser froid le profane, qui s’étonnerait davantage en apprenant que ces deux espèces vivent d’ordinaire dans les massifs montagneux. Or, les ailes rouge vif et tachetées de blanc du premier ont été vues à la cité royale de Loches et le ventre roux second à la forteresse de Chinon, faisant la joie des amateurs, arrivés en nombre pour admirer ce rare visiteur, mais aussi de l’équipe de la forteresse, qui en a posté des photos sur sa page Facebook. A dire vrai, ce n’est pas la première fois que des individus de ces deux espèces sont observés en Indre-et-Loire. Mais ces rencontres n’ont eu lieu que cinq fois en 35 ans pour le Tichodrome échelette, à Chenonceau, Loches, Chinon et Amboise, et deux fois seulement, à Loches, pour l’Accenteur alpin. On mesure mieux l’événement.

C’est la rigueur de certains hivers qui pousse ces oiseaux à délaisser leurs parois rocheuses alpines et celles du Massif central pour les murailles des châteaux des plaines. L’Accenteur alpin se plaît en haute montagne, entre 1800 m et 4000 m d’altitude, là où les forêts s’effacent et où il trouve son habitat favori dans les éboulis rocheux. Quand la nourriture s’y fait rare, il descend de quelques étages, jusqu’à renoncer complètement aux éminences pour faire entendre son chant, assez analogue à celui de l’alouette, dans les vallées ou les plaines. Une adaptation facile, puisqu’il se nourrit aussi bien d’insectes, plus abondants ici, que de graines, plus faciles à trouver que sous la neige. Le Tichodrome est un alpiniste moins ambitieux, mais il peut tout de même évoluer jusqu’à 2500 m d’altitude. Quasi-exclusivement insectivore, il est d’autant plus vulnérable aux hivers rigoureux, et il a d’autant plus de raisons d’hiverner en plaine, à condition d’y trouver les murailles ou les carrières qui lui permettront, outre de se nourrir, de se dissimuler grâce au gris-pierre de ses ailes, quand elles sont repliées. Mais c’est aussi grâce à ses ailes, ou plus précisément à son vol, que l’on peut reconnaître le tichodrome. Surnommé « oiseau papillon », il vole d’une manière en apparence un peu désordonnée et ondulante. Son long bec fin et très pointu, qui lui sert à débusquer les insectes dans le moindre interstice, est également révélateur

Tout de même, à vol d’oiseau, environ 500 km séparent la Touraine et les Alpes et plus de 300 km pour le massif central. L’attrait touristique de la vallée de la Loire n’explique pas tout. Selon les spécialistes, les oiseaux pourraient se laisser porter par les vents, sans plus choisir leur itinéraire, à plus forte raison s’il s’agit de jeunes individus. Certains ont même ainsi été poussés jusqu’au Mont-Saint-Michel ! Mais que l’on se rassure, ils arrivent toujours à retrouver le chemin de retour et à regagner les cimes, et l’on pourra profiter de leur présence jusqu’à la mi-mars. Mais d’autres espèces, venues, celles-ci, d’Europe du nord arrivent également, en hiver, goûter la douceur de vivre tourangelle, comme des Oies cendrées, qui resteront jusqu’en avril au lac de Rillé, des Fuligules milouins- canards plongeurs- à l’étang du Louroux, ou encore des Pluviers dorés dans la Champeigne tourangelle.

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