On connaît les vertus esthétiques du tuffeau, qui donne sa blancheur au patrimoine bâti tourangeau, mais ce calcaire participe aussi des paysages et du patrimoine naturel de la Touraine, comme les autres types de calcaire présents dans le département : blanc, jaune, falun, sableux... En témoignent les prairies calcicoles et pelouses sèches, connues pour leurs richesses biologiques. Souvent situées sur des coteaux, elles ont ainsi échappé à l’activité agricole et accueillent une biodiversité précieuse.

Libellules, sauterelles, papillons… requins !

A Rilly-sur-Vienne, sur le coteau de la Rebuffière, bien exposé au soleil, s’épanouissent des libellules, telles que la Gomphe de Graslin, des Cétoines funèbres, des papillons comme le Thécla de l’Yeuse ou le Demi-deuil, des guêpes polistes, d’innombrables sauterelles… Côté flore, la Laîche de Haller, ou la Gobulaire commune colorent le coteau. Surtout, comme sur toutes les prairies calcaires, l’orchidée règne, avec une quinzaine d’espèces représentées. Sur le coteau de Ports-sur-Vienne, autrefois exploité, l’Azuré du serpolet volette parmi les Choins noirâtre, les Grémil pourpres ou les Alisiers de Fontainebleau. Mais le site héberge aussi des chauves-souris, qui passent la saison froide dans les cavités de cette ancienne carrière. Une autre carrière vaut, elle aussi, le détour. La carrière-musée de Chanay, faite de falun, est le point de départ d’un sentier de randonnée qui rejoint les plans d’eau de Hommes. Une occasion de découvrir la colonie d’hirondelle qui élit domicile chaque année dans la carrière, mais aussi le rare Orpin de Forster, qui pousse sur la falaise, ainsi que toute une flore dite « des éboulis ». Mais le site, sur son front de taille, présente également de nombreux fossiles de coquillages et vestiges d’animaux datant du Miocène, tels que des dents de requin mégalodon ! Un voyage dans les temps les plus reculés, permis par des panneaux pédagogiques.

Quant aux Pelouses de Bléré, site protégé de 77 hectares que l’on peut parcourir grâce à un sentier botanique, elles recèlent plus de 130 espèces végétales, 150 espèces d’insectes, dont 122 espèces de papillons et, là aussi, des orchidées, telles que l’Orchis pyramidal ou l’Orchis brûlé. Des plantes qui ont particulièrement prospéré cette année, grâce à un printemps humide qui leur a épargné un soleil trop ardent. L’Indre-et-Loire peut s’enorgueillir de ses quarante-et-une espèces d’orchidées, que l’on pourra s’amuser à dénicher sur les autres sites calcaires, du Val de Choisille, de l’Eperon barré de Murat ou du Puy du Chinonais. Les prairies calcicoles sont entretenues naturellement, grâce des fauches différenciées ou des pâtures sélectives, en partenariat avec des éleveurs de moutons.