Travaux

Quand l’Esves retrouve son lit

C’est une petite rivière comme on les aime, de celles qui s’écoulent paisiblement au cœur des villages, entre lavoirs et ponts fleuris. À Ligueil, dans le Sud-Touraine, l’Esves est en pleine métamorphose. Des travaux de restauration sont en cours pour lui permettre de retrouver sa dynamique fluviale d’antan. Zoom sur ces nouveaux aménagements qui ont un objectif majeur : assurer « la continuité écologique » du cours d’eau.

La petite Venise ligolienne

En Touraine, si les grands cours d’eau comme la Loire, le Cher ou la Vienne font partie du domaine public fluvial, il n’en est rien pour leurs petits affluents. L’Esves, qui serpente en majorité sur des parcelles privées, est une petite rivière d’une quarantaine de km qui prend sa source à Betz-le-Château et se jette dans la Creuse à hauteur de Descartes.

À Ligueil, l’Esves traverse le bourg en plusieurs bras. Le premier, un bief situé en surplomb de la ville au nord, a alimenté en eau la laiterie de Ligueil pendant près de 80 ans. Le second, en fond de vallée, se divise en plusieurs autres petits bras et canaux, pourvus pour certains d’un « clapet », sorte de petit barrage, aménagé en 1982 pour maintenir le niveau d’eau dans le bourg. Plus à l’est, en amont, une vanne, située au lieu-dit des Grands Foulons, permet de répartir le débit de l’Esves entre les deux bras principaux.

Au fil du temps, les ouvrages de ce réseau hydraulique complexe se sont détériorés, rendant leur manipulation laborieuse, et ont également provoqué un envasement important, avec des eaux stagnantes et chaudes. Mais l’inquiétude principale concerne surtout la circulation rendue difficile pour certains poissons qui peuplent nos rivières, notamment l’anguille. Ce constat est à l’origine de l’intervention de la Communauté de Communes Loches Sud Touraine (CCLST) et de ses techniciens de rivières. Un enjeu majeur : rétablir un écoulement co­hérent du cours d’eau pour

FAVORISERLALIBRECIRCULATIONDESORGANISMESVIVANTSETVEILLERAUBONDEROULEMENTDUTRANSPORTNATURELDESSEDIMENTS

C’est ce qu’on appelle « la continuité écologique » des cours d’eau.

Les sentinelles de l’eau

Gardiens d’une de nos ressources les plus précieuses, les techniciens de rivières dépendent d’organismes possédant la compétence « GEMAPI » (GEstion des Milieux Aquatique et Prévention des Inondations), comme les Communautés de Communes ou les Syndicats de rivière. Ils ont pour mission de mettre en œuvre, entre autres, « les contrats de bassin versant ». Ce programme d’actions concertées, qui engage les maîtres d’ouvrage locaux et les partenaires financiers publics, a pour but de réhabiliter et valoriser les milieux aquatiques.

À cet effet, la Cellule « ASTER » (Assistance et Suivi Technique à l'Entretien des Rivières) du Conseil Départemental d’Indre-et-Loire accompagne les structures « GEMAPI » de Touraine en leur apportant un soutien technique et financier. Si cet appui a longtemps consisté à proposer des programmes d’action et à convaincre de leur nécessité, son rôle est aujourd’hui d’aider les techniciens de rivières dans la rédaction des cahiers des charges et dans la mise en œuvre des travaux. Pas moins de 26 postes ont été créés en Touraine ces 10 dernières années, preuve d’une prise de conscience accrue de l’importance de l’eau et de la préservation de nos rivières. Et si tous ces acronymes vous donnent le tournis, c’est pourtant cette mécanique bien huilée qui permet aujourd’hui à nos petits cours d’eau tourangeaux de retrouver leur dynamique naturelle.

350 000 euros de travaux

Le projet de restauration de l’Esves a été lancé par la CCLST en 2018. Le premier coup de pelleteuse a été donné à l’automne dernier après un important travail d’études, de médiation et de concertation, notamment auprès des nombreux riverains qui possèdent des propriétés traversées par le cours d’eau. L’objectif de cette première phase de travaux, aujourd’hui terminée, était de réalimenter le bras du bourg au détriment du bief et de restaurer une prise d’eau franchissable par les poissons en contournant la vanne des Grands Foulons. Ce bras de contournement, long de 370 mètres, a été aménagé en respectant un aspect sinueux le plus naturel possible, favorisant ainsi un débit continu et, à termes, une meilleure autoépuration.

La seconde phase de travaux, qui concerne cette fois les multiples petits bras du centre-bourg, a débuté en avril 2022. Elle devra permettre la suppression des fameux clapets qui maintiennent la hauteur d’eau dans les canaux. Pour cela, il faut dans un premier temps opérer une pêche de sauvetage de la faune piscicole, puis réaménager le lit de la rivière en créant des banquettes » végétalisées. Ces aménagements, réalisés avec des matériaux terreux et pierreux, vont réduire la largeur du cours d’eau et ainsi diversifier les écoulements.

Les travaux de l’Esves devraient se poursuivre jusqu’en août pour un coût total de 350 000 €, financé par l’Agence de l’eau Loire Bretagne et d’autres partenaires comme la Région Centre - Val de Loire ou la CCLST. En plus de l’appui technique assuré par la cellule Aster, le Conseil Départemental d’Indre-et-Loire a alloué une enveloppe de 10 000 € à ce projet, tout à la fois environnemental, paysager et patrimonial. Vous l’aurez compris, la restauration de ce cours d’eau a engagé de nombreux partenaires, privés et publics. Une action collective et concertée qui prouve que la préservation des ressources en eau et de la biodiversité est l'affaire de tous.

 

Photo : Communauté de communes Loches Sud Touraine

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