Culture

Roger Jahan, le dirlo résistant

Enseignant, premier directeur du collège de Descartes, Roger Jahan fut également syndicaliste et résistant. Il participa notamment à la libération des prisonniers sénégalais du camp du Ruchard en août 1944, à un moment où l’armée allemande aux abois multipliait les exactions.

C’est en 1993 que le collège de Descartes fut rebaptisé collège Roger Jahan. Un hommage qu’avait ardemment souhaité George Dauger, ancien directeur de l’établissement, figure politique communiste locale, adjoint au maire et lui-même ancien résistant. Roger Jahan, né en 1912 à l’Orrez-le-Bocage en Seine-et-Marne, grandit à Ligueil, et poursuivit sa scolarité à Château-Renault. En 1933, après être passé par l’école normale d’instituteurs de Loches, il se vit attribuer un poste à Avon-les-Roches.

Le 25 août 1944, une nuit héroïque et tragique

Membre du Parti communiste, il s’engagea dans la résistance en participant à la création d’un groupe combattant, et, dans la nuit du  25 août 1944, accompagné de Pierre Picarda -qui avait déjà caché des évadés en 1940-, il mena une action contre le camp du Ruchard pour en libérer les soldats sénégalais qui y étaient détenus. Après avoir interrogé les cadres du camp pour connaître les possibilités de cette évasion, et devant les réponses insuffisantes de ces derniers, il est décidé d’agir. Les deux résistants sont rejoints à minuit par d'autres camarades et pénètrent dans le camp pour en ressortir deux heures plus tard, accompagnés de 36 prisonniers libérés. Les fuyards, évitant les voitures allemandes, marchent toute la nuit et une partie de la journée, passant par Crouzilles, traversant la Vienne, et arrivent enfin au château de Chézelles, où des combattants du maquis de Scévolles viennent les chercher. Une action brillante, menée à un moment périlleux. La même nuit, en effet, à une vingtaine de kilomètres de là, le village de Maillé était incendié par les troupes allemandes, qui massacrèrent 124 habitants, dont 48 enfants. Deux ans auparavant, une quinzaine de résistants communistes furent fusillés au camp du Ruchard.

Le premier directeur du collège

Après la guerre, Roger Jahan fut officier à la Direction de l’information auprès du secrétaire général de la zone d’occupation française à Baden-Baden, mais en fut exclu à cause de ses activités syndicales au sein de l’Union des syndicats français en territoires occupés, et revint en France en 1947, pour prendre un poste d’instituteur à l’école de La Haye-Descartes et en devenir le directeur en 1955. A ce poste, il contribua à la création du collège d’enseignement général, qu’il dirigera jusqu’à son décès. Mais dans l’intervalle, Roger Jahan mena une action syndicale dans l’éducation nationale, et politique au sein du Parti communiste. En 1959, il fut élu conseiller municipal de La Haye-Descartes et, en 1964, conseiller général du canton de Descartes. Roger Jahan s’éteignit à La Haye-Descartes le 1er février 1965. Ses obsèques réunirent 3000 personnes, dont le vice-président du Conseil général et le sous-préfet de Loches.

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