Culture

Spectralex : Vingt ans de créativité, et 100% de liberté

Après avoir fêté ses vingt ans au Bateau Ivre en novembre dernier, la compagnie Spectralex attaque 2023 avec un agenda bien rempli. L’occasion d’en savoir plus sur ces drôles d’hurluberlus, grâce à la comédienne et co-fondatrice de la structure, Diane Bonnot.

« Pourquoi Spectralex ? On voulait un nom qui sonne comme une grande entreprise, un consortium international, une société écran, mais qui soit aussi populaire tout étant costaud (comme les verres Duralex) ». Spectralex, petit mais costaud ?

C’est en tout cas au contact du bitume du théâtre de rue que la compagnie est née. Les routes de Diane Bonnot et Arnaud Aymard se croisent et s’entrecroisent dans les festivals, jusqu’à l’émergence de projets communs qui bientôt donnent naissance à leur compagnie et son premier spectacle : Vosges Fatales. Une exposition sur les Vosges qui tourne mal.

Si les deux artistes se produisent aussi dans les salles de spectacles, c’est bien l’art de rue qu’on retrouve au cœur de leur ADN. A écouter Diane Bonnot parler de l’expérience de rue, on la soupçonne d’y trouver la quintessence de son art : « jouer dans la rue, c’est fabriquer quelque chose dans un lieu qui ne lui est pas dédié, comme l’est un théâtre. C’est être en prise avec le réel, s’adapter à un avion qui passe ou à une réaction du public, et faire exister les choses, envers et contre tout. C’est un sport de l’extrême (toutes proportions gardées !), une mise en danger… Les gens peuvent nous répondre, peuvent partir en cours de spectacle… C’est un terrain d’expérimentation et d’improvisation démultiplié ! On est dans la vie, et en plus on ne touche pas le même public qu’au théâtre. Les spectateurs sont parfois ceux qui n’osent pas franchir les portes d’une salle de spectacle ».

Deux univers…

Les chevaliers de l’Espace-temps aux frontières du Cosmos, Canoan contre le roi Vomiir en lutte pour sauver son peuple, Paco chante la paix sans être toujours compris, au même titre que L’Oiseau Bleu qui doit sauver la Suisse envahie de chômeurs tout en s’opposant au capitalisme… Les personnages d’Arnaud Aymard, du chanteur déprimé au philosophe absurde en passant par une créature mi-homme, mi-pingouin, mi-chiffon, sont toujours à la marge. A la lisière entre l’improbable et le drolatique.

Quant à Diane Bonnot, dans son premier spectacle Virginia Vulv, elle incarne à la fois une artiste contemporaine et la journaliste-spécialiste qui commente son œuvre. Puis dans Princesse Diane, elle s’approprie les codes du conte pour raconter l’histoire de cette princesse en quête de ses origines. Une quête qui se transforme dans Je ne suis pas venue seule en quête d’identité(s) et de féminité(s) : « j’ai écrit ce spectacle en me demandant quelles figures féminines on nous proposait, et qu’est-ce qu’on en faisait. C’est un peu « dis-moi qui je suis » ».

Les miroirs de ce boudoir qu’elle installe aussi bien dans les théâtres que dans la rue laissent place à un simple micro pour sa nouvelle création à découvrir en 2023 : Tu me reconnais. Ici encore seule en scène, avec ce micro, elle questionne la notion de reconnaissance : « Depuis l’inscription à l’état civil jusqu’à la notoriété, comment se définit-on ? J’avais aussi envie de revenir à la racine de notre présence au spectacle, la mienne et celle des spectateurs : qu’est-ce qu’on fait là ? Qui sommes-nous ? Sommes-nous à la recherche d’une reconnaissance sociale, familiale, professionnelle, dans la relation amoureuse ? Quelle image de nous-même on construit, et comment elle se construit en écho à l’image que nous renvoie le monde qui nous entoure ».

…pour une même aventure

L’un dans l’exploration des marges et des frontières du possible, l’autre dans les quêtes d’identités, Arnaud Aymard et Diane Bonnot tracent leurs routes en parallèle, le plus souvent en solo, et chacun dans sa thématique de prédilection. Mais l’humour et la créativité les réunissent autour de leurs projets personnels portés avec le soutien de Pascal Robert, Valia Kardi et Guillaume (Thackery Earwicket), artisans de l’ombre.

Avec Spectralex ou avec les copains (on pense notamment aux spectacles d’Edouard Baer ou aux émissions de Radio Nova), Diane Bonnot et Arnaud Aymard font donc terrain de jeu commun : « Ce qui nous lie aussi, c’est la liberté du théâtre de rue » résume Diane Bonnot.

Et puisqu’on n’est pas à un paradoxe près, c’est en salle que vous les retrouverez bientôt : la saga Les chevaliers de l’Espace Temps les 15 et 23 février, le 30 mars et le 19 avril au Bateau Ivre pour Arnaud Aymard, et Je ne suis pas venue seule le 8 mars au même endroit, avant une représentation de Virginia Vulv au CCC OD le 5 mai prochain pour Diane Bonnot. A suivre sur leur site http://spectralex.org.

 

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