Culture

Toponymie des communes de Touraine : Épeigné-sur-Dême

Paisible, c’est un mot qui qualifie plutôt bien la petite commune d’Épeigné-sur-Dême, dans le Nord Touraine. Pourtant, l’histoire de ce village aux 160 âmes, situé à la frontière du Loir-et-Cher et de la Sarthe, fourmille d’anecdotes surprenantes, à commencer par l’énigmatique nom de ses habitants : les Spinacoises et les Spinacois. Pour le reste, il est question d’un griffon, de lions, d’une pierre qui tourne, d’un sac de billes et même… de la famille Kennedy ! Découverte d’une commune tranquille qui a plus d’un tour dans son sac !

Le domaine de celui qui vient d’Espagne

Épeigné-sur-Dême est mentionnée pour la première fois en 1040, dans un cartulaire de la Trinité de Vendôme, sous le nom d’Hispanicus (du latin Hispanus), qui deviendra Spaniacus, un terme qui désigne « le domaine d'Hispanus ou Spanius » (celui qui est originaire d'Espagne). Ainsi, quand la « voisine » tourangelle du canton de Bléré « Épeigné-les-Bois », dont le nom a la même origine, compte 400 Épeignois et Épeignoises, Épeigné-sur-Dême emprunte au latin l’origine du gentilé Spinacoises et Spinacois : rien de plus simple en somme. Au fil du temps, le nom Spaniacus a évolué pour devenir Épeigné, ainsi mentionné sur la carte de Cassini au XVIIIe siècle, puis Épeigné-sur-Dême au XIXe siècle, en référence à « La Dême », le cours d’eau qui arrose la commune.

Le fief d'Épeigné-sur-Dême a appartenu aux descendants du célèbre « fléau des anglais » Jean V de Bueil jusqu’au XVIIe siècle, avant d’être cédé aux seigneurs de Chemillé. En 1822, par ordonnance royale, la châtellenie de "Rorthres" et la seigneurie des "Pins" sont réunies au bourg d'Épeigné-sur-Dême, doublant ainsi son nombre d’habitants (525 en 1831). Ainsi, le village s’étend aujourd’hui sur 22 km². Une superficie importante pour cette commune rurale qui compte 7 habitants au km² et de nombreux éleveurs et agriculteurs. « Notre plus gros poste de dépenses, c’est la voirie car la commune est très étendue. Nous avons également pour projet des travaux de réfection de notre terrain de loisirs. » confie Stéphane Goué, maire d’Épeigné-sur-Dême depuis 2020. « Malheureusement, il n’y a plus de commerces aujourd’hui, depuis que le bar-restaurant a fermé il y a 5 ans. Mais nous avons quand même un brasseur, une couturière et un comité des fêtes. C’est un village tranquille et agréable à vivre, qui a d’ailleurs été un lieu de repos pour deux célébrités. ».

Une commune paisible qui vaut le détour

Parmi les grandes figures qui ont marqué l’histoire d’Épeigné-sur-Dême, on peut citer le journaliste américain Pierre Salinger, conseiller de John Fitzgerald Kennedy, propriétaire du château des Pins de 1970 à 1990. Responsable de la campagne du futur président des Etats-Unis, puis porte-parole de la Maison Blanche jusqu’en 1964, Salinger s’installe en Touraine après l’assassinat de JFK. De mémoire de Spinacois, plusieurs membres de l’illustre famille seraient venus séjourner au château des Pins, notamment Ted et Jackie Kennedy. Autre célébrité, l’écrivain français Joseph Joffo, à qui l'on doit notamment le roman « Un sac de Billes », qui aimait à venir dans sa maison de campagne, une ancienne ferme restaurée d’Épeigné-sur-Dême. Décédé en 2018, l’auteur a passé les dernières années de sa vie entre repos et écriture, dans le calme de la petite commune tourangelle.

Une quiétude que les visiteurs d’Épeigné-sur-Dême pourront d’autant plus apprécier ces prochains mois, avec la refonte annoncée d’un circuit de randonnées qui traverse le village. Grâce à ce projet mené par la Communauté de Communes Gâtine-Racan, promeneurs et marcheurs aguerris pourront prochainement profiter d’un circuit de 10 km le long de la Dême (avec des variantes sur 3 et 6 km) et découvrir le passage à gué, l’ancien moulin ainsi que quelques manoirs et maisons bourgeoises. Point de départ de cette randonnée, l’église Saint-Etienne, construite à la fin du XIe siècle, présente une frise en pierre classée assez atypique, représentant des lions, un griffon, un ibis et même des éléphants. Autre curiosité locale, le menhir des Cormiers, situé près du hameau du Bouillant, à la limite du département. Également appelé « La Pierre des Supplices » ou « La Pierre Druidique », ce bloc de gré caverneux percé aurait été utilisé comme pierre sacrificielle sur laquelle on attachait des victimes. Plus étrangement encore, ce menhir également surnommé « La Pierre qui tourne », tournerait sur lui-même chaque jour à midi… L’occasion pour les plus curieux d’aller « faire un tour » à Épeigné-sur-Dême à l’heure du déjeuner !

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