Culture

Toponymie des communes de Touraine : Varennes

Si Varennes possède un nom plutôt commun au regard de quelques voisines tourangelles comme Villeperdue ou Le Boulay, déjà évoquées dans notre série, il n’en reste pas moins d’anecdotes à vous livrer sur la petite commune du Sud-Touraine ! Situé à une dizaine de kilomètres de Loches, Varennes est un village pionnier dans le « zéro-phyto »1 et a à cœur de devenir la commune la plus éco-responsable possible. Zoom sur une commune 100 % verte qui s’engage pour le bien-être de ses 242 habitants.

La légende des aulnes

En 940, une charte de l'abbaye de Noyers mentionne pour la première fois la villa varenae, dans la viguerie (juridiction administrative médiévale) de Chambourg (in vicaria camborti). Le nom de Varennes désigne un terroir sableux, aux alluvions fines2. Au sens étymologique, une varenne, de la racine pré-latine var ou war qui signifie eau, désigne un sol pauvre, traversé de ruisseaux. Un nom tout indiqué pour la commune de Varennes où s’écoule d’est en ouest la rivière de l’Estrigueil, affluent rive droite de l’Esves, un cours d’eau touché par une bien curieuse malédiction, attribuée à deux célèbres saints tourangeaux…

Loin d’être contemporains, Saint-Martin (IVe siècle) et Saint-Senoch (VIe siècle) sont pourtant à l’origine de la « Légende des Aulnes », contée par l’écrivain ligueillois Jacques-Marie Rougé. On y apprend ainsi que Saint-Martin, jaloux du trop grand nombre de miracles opérés par Saint-Senoch, aurait « raboté » la planche d’aulne qui permettait au guérisseur rival de franchir la rivière. Tombé à l’eau, Saint-Senoch aurait alors prononcé une malédiction empêchant tout aulne de pousser depuis la source de l’Estrigueil jusqu’à Varennes.

Un sort légendaire, pour le moins intrigant pour Jean-Claude Decharnia, conseiller municipal délégué aux rivières : « En 2021, avec la commission rivière de la Communauté de Communes Loches Sud Touraine (CCLST), nous avons engagé des travaux de reméandrage de la rivière sur 1 km avec re-végétalisation des rives. Cinq aulnes ont été plantés sur les bords de l’Estrigueil, aucun n’a survécu… ». Une petite curiosité locale qui n’empêche pas l’élu d’espérer engager la suite des travaux en 2024, avec le concours de la CCLST et des financeurs habituels, pour 2,3 km supplémentaires.

Inventaire varennais

Autre particularité de la commune, bien moins légendaire cette fois : sa surface, définie par une charte royale du 8 mars 1832. L’existence de deux édifices religieux dans la même paroisse (la chapelle Sainte-Catherine à Barbeneuve d’une part et l’église de Saint-Senoch d’autre part), à l’origine de nombreuses guerres de clochers (évidemment), se solde sous le règne de Louis Philippe par le rattachement du village et du Château de Saint-Senoch à Varennes. 40 hectares ont ainsi été récupérés et 40 autres, cédés à la toute proche commune de Ciran.

Aujourd’hui étendu sur 1107 ha, dont 774 ha de surface agricole, le village de Varennes peut s’enorgueillir de voir sa population augmenter depuis une quarantaine d’années. Au dernier recensement, la commune compte 242 habitants, contre 203 en 1982, soit une augmentation de 19 %. De quoi maintenir l’école du village, composée de 2 classes, CE1/CE2 et CM1/CM2, pour 43 élèves, au sein d’un R.P.I. (Regroupement Pédagogique Intercommunal).

Un village jeune et dynamique, donc, qui compte également 4 artisans et commerçants, 1 apiculteur, 3 gîtes, 1 éleveur de chien, 1 épicier ambulant, 2 agriculteurs éleveurs bovins, 6 céréaliers (dont 3 résidant sur la commune), 1 coopérative agricole avec silo et 1 carrière d’extraction de sable. Sans oublier le Château de Saint-Senoch (transfert de la commune voisine en 1832, vous l’aurez compris), classé meilleur prestataire de mariages en 2022 et le café-restaurant du village, « Le Relais », fermé depuis 8 mois, qui cherche aujourd’hui un repreneur.

Et que serait Varennes sans ses 5 associations dynamiques qui concourent à l’animation de la commune ! L’APE des 5 villages, Varennes Générations (sorties et rencontres intergénérationnelles), SérénitÉnergie (Cours de Qi-Gong), le Syndicat de Chasse ou encore le Comité des fêtes qui organise chaque année en juillet la manifestation phare du village : le Varennes Boudin festival. Une soirée de concerts et un feu d’artifice, délicieusement accompagnés il va sans dire, est ainsi offerte aux varennaises et varennais dans le jardin public, fierté de la commune.

Le village éco-responsable

Créé sur un ancien terrain de football, le jardin public de Varennes a connu de nombreux aménagements ces dernières années : aire de jeux, parcours de santé, terrain de pétanque, aire de pique-nique, parking et plus récemment, l’installation de toilettes sèches et d’un container buvette bardé de bois. Depuis 2010, ce jardin clôturé d’1,5 ha porte le nom d’André Renard, historien-folkloriste né à Varennes en 1898, qui fût le premier à attester de la présence humaine préhistorique sur la rive droite de l’Estrigueil. À travers cet hommage à l’enfant du pays, ancien combattant 1914-1918 et résistant de l'ombre 1940-1945, c’est toute une commune, lourdement touchée par les guerres du XXe siècle3, qui se souvient et poursuit son devoir de mémoire.

Autres réalisations d’importance : la restauration du toit de l’église et la rénovation du café-restaurant auxquelles devrait s’ajouter cette année la réfection des murs de l’école. Le village a également réalisé d’importants travaux de réhabilitation du cimetière, avec la création d’un espace cinéraire avec colombarium et l’engazonnement des allées. Soucieux de respecter les normes environnementales, Varennes fût l’une des premières communes à appliquer la politique du « zéro-phyto » en Touraine avec Paulmy. Prochainement, grâce à l’opération « APRT »4, 250 m de haies doubles et 5 bosquets de 600m² d’arbres mellifères seront plantés à Varennes pour favoriser la pollinisation et la biodiversité. Un engagement capital pour les futures générations de Varennaises et de Varennais !

 

1 entretien des espaces extérieurs sans utilisation de produits phytosanitaires de synthèse.

2 Dictionnaire géographique historique et biographique d’Indre-et-Loire et de l'ancienne province de Touraine par J.-X. Carré de Busserolle.

3 17 morts lors de la Première Guerre Mondiale, 9 morts lors de la Seconde (dont 6 en déportation) et notamment, l’instituteur de la commune, Constant Roger PETITBON, Résistant au Maquis Césario, célèbre dans le Lochois, déporté à Buchenwald et mort dans les marches de la mort en 1945 ; aujourd’hui, la rue principale de la commune porte son nom (le dernier survivant de ce maquis est Varennais depuis 1955, Chevalier de la Légion d’Honneur depuis 2021 et fêtera ses 100 ans en 2023), et 1 mort lors de la Guerre d’Algérie.

4 « L’Arbre dans le Paysage de Touraine » À travers l’opération APRT, le Conseil Départemental d’Indre-et-Loire et son partenaire, la Fédération Départementale des Chasseurs, accompagnent les particuliers, les exploitants agricoles, les collectivités et les entreprises dans la plantation d’arbres, de haies et de bosquets. Un soutien technique, logistique, mais aussi financier puisque les deux structures prennent en charge la totalité du coût de chaque projet, à hauteur de 6000 € maximum.

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