Environnement

Une année à orchidées…

Le printemps humide que nous avons connu jusqu’alors, en empêchant les orchidées de brûler avant la floraison, a permis à celles-ci de se développer d’une manière étonnante. Stars des sols calcaires et pauvres, leurs tapis sont cette année plus étendus qu’à l’ordinaire, notamment sur les sites des Espaces Naturels Sensibles, comme sur l’Éperon barré de Murat, aux puys du Chinonais ou sur les Pelouses de Bléré.

Abeilles, singes et militaires...

L’année est à ce point propice qu’on peut même en observer sur les espaces herbeux des zones d’activité, qui, régulièrement tondus, sont ainsi appauvris, ce qui convient aux orchidées. En Indre-et-Loire, on compte quarante-et-une espèces d’orchidées, représentatives de la fantaisie de cette plante, dont les fleurs prennent souvent des formes étonnantes. Il y a celles qui se prennent pour des insectes, comme l’Ophrys abeille, l’Ophrys mouche, ou l’Ophrys araignée. En émettant, en outre, des phéromones adéquates, elles attirent ainsi les vrais insectes, qui se chargent de pollen et assurent ainsi la fécondation de la plante. D’autres prennent des formes plus humanoïdes, comme l’Orchis Homme-pendu, avec ses grappes de petits personnages, ou comme l’Orchis militaris, dont les pétales de fleurs se resserrent pour former un casque. On trouve même des Orchis singe, dont les silhouettes aux membres enroulés évoquent l’agilité de l’animal. Quant aux couleurs, les orchidées font, là encore, preuve d’une créativité foisonnante, comme l’Orchis pyramidal et son rose profond ou lumineux, ou l’Orchis brûlé, et son subtil dégradé, du blanc au violet. Mais d’autres se font beaucoup plus discrètes, et se fondent davantage dans le paysage, comme la Listère à feuilles ovales, toute verte et très fine, aux fleurs presque translucides. Certaines vont même jusqu’à se passer de chlorophylle en s’entendant avec un champignon, qui, par symbiose, lui fournit sa nourriture.

Encore quelques jours

Une diversité époustouflante que l’on pourrait être tenté d’emmener avec soi. Mais mieux vaut se contenter de photos, car c’est justement en constituant des herbiers que les botanistes du début du XXe siècle, séduits par la Malaxis des marais, ont participé à la disparition de cette dernière. L’Ortis punaise, plus récemment, a elle aussi quasiment disparu, à cause de l’enrichissement artificiel des prairies qu’elle affectionnait, et l’Ophrys bourdon ne se montre plus. Certaines variétés sont en effet menacées, et une vingtaine sont protégées sur celles que compte le département. A l’inverse, d’autres reviennent en force, comme l’Orchis pyramidal, ou la délicate Spiranthe d’automne, qui fleurit fin août. Pour les autres espèces, c’est dès maintenant, et jusqu’à la mi-juin que l’on peut aller parcourir les ENS à la recherche de ces petites perles florales. Pour mieux encore les connaître, on pourra se référer à l’Atlas des orchidées d’Indre-et-Loire, publié en 2007 par la Société française d’orchidophilie, ou à celui des orchidées du Parc naturel Loire-Anjou-Touraine, paru en 2018.

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