Culture

L’armistice en Touraine

11 novembre 1918, 5 h 15 : dans le wagon de Rethondes (Oise), les Allemands signent l’armistice (la fin des hostilités sera effective à 11 heures). Une obligation pour eux après l’effondrement des empires centraux sur le front oriental et devant la puissante contre-offensive des armées interalliées placées sous le commandement suprême du maréchal Foch. C’est le terme de plus de quatre années d’une guerre terrible qui aura conduit 9 millions de militaires et de civils – dont près d’1,4 million de Français – à la mort. Sans compter des millions de blessés, gazés, défigurés et amputés...

Drapeaux aux fenêtres

Quelques heures plus tard, dès que l’information leur parvient, les villes et villages de Touraine se pavoisent, s’illuminent, leurs habitants entonnent la Marseillaise ; partout, les cloches sonnent à la volée. « Comme une traînée de poudre, écrit le journaliste de La Touraine républicaine, la nouvelle si impatiemment attendue de l’armistice se répand de bouche en bouche. Dès les premières heures de l’après-midi, des drapeaux, comme par enchantement, sortent et s’étalent, vainqueurs, aux fenêtres. Prisonniers depuis cinquante longs mois, ces drapeaux flottent dans une atmosphère de victoire chèrement achetée. Les cloches de toutes les églises entonnent l’hymne de gloire et de reconnaissance. »

Un cortège à travers la ville

Le maire de Tours où, qui plus est, on fête en ce jour la saint Martin – quel Tourangeau n’y verrait pas un symbole ? –, prend la plume : « L’armistice est signé et les hostilités ont pris fin aujourd’hui à 11 heures, écrit Camille Chautemps. Pour célébrer ce magnifique événement historique, qui couronne les efforts de nos héroïques soldats, les autorités militaires et civiles organisent pour ce soir diverses manifestations patriotiques », auxquelles la population est invitée à se joindre afin d’acclamer les soldats « qui représentent à Tours nos armées victorieuses ». Les autorités françaises et alliées – le maire de Tours, le préfet, le général commandant la région, un général anglais, un colonel américain... – prennent la tête de la retraite aux flambeaux. Le cortège, précédé par des gendarmes à cheval, part de la place de l’Hôtel de Ville, parcourt la rue Nationale jusqu’au Pont de pierre – récemment rebaptisé Wilson en l’honneur du président américain – et revient, par la rue Voltaire et la rue Buffon, devant l’Hôtel de Ville où retentissent les hymnes. Le succès de ce défilé dépasse toutes les espérances.

Haut les chœurs !

Tours exulte, comme l’ensemble de l’Indre-et-Loire. À Chinon, la victoire donne lieu à de spectaculaires manifestations patriotiques. La signature de l’armistice proclamée, édifices publics et maisons sont pavoisés, une retraite aux flambeaux organisée. À Amboise, la nouvelle provoque un enthousiasme indescriptible. Dès le matin, des groupes se sont formés dans les rues pour guetter le résultat des négociations. Vers 13 heures, le maire, tenant en main la précieuse dépêche, en fait part aux personnes proches avant de l’afficher sur l’hôtel de ville. Le tambour de ville la lit à tous les carrefours. Immédiatement, les édifices et les fenêtres des maisons sont là aussi pavoisés aux couleurs de la France et à celles des alliés. Des groupes d’habitants traversent Amboise, drapeau tricolore en main, en chantant l’hymne national. À 16 heures, les cloches sont mises en branle, le canon tonne. Le soir, une retraite aux flambeaux « jette les derniers échos d’une allégresse qui remplit les cœurs », rapporte un journaliste. Le lendemain, de nombreux ateliers fermeront exceptionnellement.

Les jours suivants verront d’autres cérémonies à travers le département. Ainsi, à Château-Renault, le 13 novembre, la Croix-Rouge fera célébrer un service solennel pour les militaires du canton morts pour la patrie, tandis qu’à Loches, au cours d’un concert patriotique donné au kiosque du jardin public, les enfants des écoles et les élèves de l’École normale, rejoints par des milliers de choristes improvisés, chanteront la Marseillaise...

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