Culture

La gare de Tours, terminus doré

Inscrite aux Monuments historiques, de même qu’au générique de plusieurs films (« Laissez-passer », de Bertrand Tavernier, pour n’en citer qu’un), la gare signée Victor Laloux est la porte d’entrée de la ville pour de nombreux visiteurs. Dire qu’elle a failli disparaître...

Si la première ligne de chemin de fer, en France, date de 1827, le premier train de voyageurs, sur une ligne spécialement conçue à cet effet, a été mis en service en août 1837. La même année, la création d’une gare à Tours était évoquée. Mais la construction de « L’Embarcadère », comme on la nommait, attendra huit ans de plus. Le premier train arrive en 1846. Rapidement, la ville devient un centre ferroviaire important pour tout le centre-ouest du pays. Des ateliers, des dépôts sont installés au sud-est de Tours, le long des voies ferrées ; l’urbanisation progresse, la ville grandit, voit son nombre d’habitants doubler entre 1840 (30 000) et 1891 (60 000).

À cette époque, plusieurs compagnies exploitent les chemins de fer : à chacune, sa zone géographique desservie et sa gare. L’Embarcadère, alors place du Général-Leclerc, appartient à la Compagnie Paris-Orléans. Une autre gare, bâtie en 1875 vers la rue Blaise-Pascal, appartient à la compagnie de Vendée (rachetée en 1877 par les chemins de fer de l’État) pour la ligne Tours-Les Sables. À la fin du XXe siècle, décision est prise de réunir ces deux gares en une seule, projet confié à Victor Laloux, architecte tourangeau qui a laissé sa marque sur la ville, puisqu’on lui doit l’hôtel de ville et la basilique Saint-Martin (mais aussi, à Paris, la gare d’Orsay, l’ambassade des Etats-Unis, le siège du Crédit lyonnais...).

L’une des plus belles de France !

Deux ans sont nécessaires pour édifier ce joyau architectural, de pierre (façade, statues), de fer (colonne, structure porteuse), de fonte, de verre. L’art est présent à travers les sculptures allégoriques représentant les villes desservies : Bordeaux, Toulouse (statues signées Jean-Antoine Injalbert), Limoges, Nantes (Jean-Baptiste Hugues). À travers aussi ces 18 superbes panneaux de faïence peints, œuvres d’Eugène-Martial Simas qui a représenté les monuments de Touraine, les châteaux de Chinon, Loches, Azay-le-Rideau, Langeais, des villes et des paysages de vacances, Belle-Isle-en-Mer, Carcassonne, Arcachon, Biarritz, Luchon...
L’ensemble contribue à faire de la gare de Tours l’une des plus belles de France. Dire qu’elle a failli disparaître ! Le problème ? Sa position de terminus, qui oblige les trains à rebrousser chemin. Mais aussi sa situation en centre-ville, bloquant les liaisons est-ouest.

Il a donc été question, en 1919, de la déménager à Beaujardin, puis à la Rotonde, après la Seconde Guerre mondiale, projet abandonné en raison de son coût et de l’urgence liée à la reconstruction. Avec l’arrivée prévue du TGV, Jean Royer envisagera dans les années 80 la construction d’une nouvelle gare, le joyau signé Laloux devant être transformé en centre des congrès. Celui-ci verra bien le jour, mais pas en lieu et place du monument ferroviaire ; c’est le Vinci, juste en face.

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