Culture

Le Grand-Pressigny, sauvé de l’oubli

Un château disparu... en partie seulement, car il subsiste, de l’époque médiévale, son haut donjon, visible de loin, et de la Renaissance, cette galerie qui abrite le musée de la Préhistoire. Néanmoins, la forteresse a connu bien des évolutions depuis sa construction...

La Touraine avait connu, avec la rivalité opposant le comte d’Anjou Foulques Nerra aux comtes de Blois, une période propice, sinon à la paix et à la concorde, du moins à l’édification de châteaux-forts sur une vaste partie de son territoire, certains tombés en ruines ou plus heureusement transformés, au fil des siècles, en agréables demeures de plaisance. Quelques générations après Foulques, d’autres comtes d’Anjou, les Plantagenêt en l’occurrence, puissants vassaux mais aussi rois d’Angleterre, s’opposèrent au roi de France. On vit naître alors, sur notre Touraine d’une grande importance stratégique, de nouvelles bâtisses fortifiées. C’est le cas du château du Grand-Pressigny, édifié à l’état de donjon à la fin du XIIe-début du XIIIe siècle par Guillaume Ier de Pressigny, sur un éperon rocheux aux confins de l’Anjou et du Poitou. C’était alors l’une des plus importantes places fortes de Touraine, que fortifieront les successeurs de Guillaume.

Comparable à Amboise et Blois

« Certains tombés en ruines ou plus heureusement transformés, au fil des siècles, en agréables demeures de plaisance » : c’est le cas de celui-là, grâce à Honorat II de Savoie-Villars, maréchal de France et cousin de François Ier, qui transforma, au XVIe siècle, l’austère forteresse en château Renaissance. Honorat, qui aurait pu s’appeler Fortuné tant sa richesse était grande, fit bâtir, près du donjon haut de 35 mètres, un corps de logis avec une galerie. Des gravures d’époque montrent le château dans toute sa splendeur. Le monument n’avait rien à envier à ceux d’Amboise ou de Blois, autres splendeurs architecturales de l’époque. Son parc clos de 80 hectares (!) était pourvu d’une orangerie, d’un jardin à la française, et d’un nymphée, grotte architecturée très rare (et actuellement examinée de près par les archéologues du Département). Deux siècles et quelque de vie apaisée jusqu’à ce que les révolutionnaires ne s’occupent de son cas. Vendu comme bien national en 1796, le château sera démantelé par ses propriétaires successifs ; le parc, lui, sera divisé en parcelles.

La préhistoire en vedette

Le désastre était en cours lorsque la commune et le Département, en l’achetant, sauvèrent le domaine de la ruine totale. La galerie Renaissance devint ainsi... gendarmerie ! Au moins était-elle sous bonne garde. Le reste du château fut classé aux Monuments historiques en 1886. Mais il était écrit que l’histoire du lieu ne s’arrêterait pas là. Tout simplement parce que l’Histoire, avec un grand H, est inscrite ici, au Grand-Pressigny, depuis des lustres. Inscrite ou plutôt enfouie, comme ces grandes lames (jusqu’à 40 cm de long) fabriquées entre 2 800 et 2 400 avant J.-C., retrouvées en nombre dans les environs du village. Plusieurs milliers d’années après, les maîtres-tailleurs pressigniens allaient faire parler d’eux, et même voir leur production exposée dans la ville, à la mairie d’abord, en 1922, puis à partir de 1955 dans la galerie Renaissance du château.

En 2009, un nouvel espace de visite, accolé aux ruines de l’ancien logis, a été construit. Dire qu’il y a deux siècles, le vieux château était voué à l’oubli, voire à la destruction complète...

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