Culture

Le sanctuaire carolingien de Cravant-les-Côteaux

Joyau de l’art roman, le sanctuaire carolingien de Cravant-les-Côteaux figure parmi les monuments les plus anciens de France. Située à un kilomètre au nord du bourg, sur les rives du ruisseau Saint-Mexme, l’église Saint-Léger est désignée comme un « sanctuaire carolingien » en raison de sa nef du IXe siècle. Partie la plus importante de l’édifice, elle fût érigée sur un temple mérovingien du VIIe siècle, dédié à la mémoire de Léger, ancien évêque d’Autun en Bourgogne. Découverte d’un site chargé d’histoire, d’une beauté à couper le souffle !

Le martyr de Saint-Léger

En 673, le maire du palais de Neustrie, Ebroïn, un homme violent et despotique parmi les plus hauts dignitaires du royaume, parvient à placer sur le trône le troisième fils de Clovis II, Thierry III. Emmenés par Léger, les puissants du royaume, furieux de n’avoir été consultés, s’en remettent à Childéric II, second fils de Clovis II, qui prend le contrôle de la Neustrie. Ebroïn est alors enfermé dans un monastère des Vosges, alors que Léger devient le conseiller principal du nouveau roi. À la mort de Childéric II, Ebroïn s’enfuit de sa prison monacale et parvient à restaurer le trône à Thierry III. En représailles contre Léger, Ebroïn lui fait arracher les yeux et la langue et couper les lèvres. Deux ans plus tard, en 678, il le fait décapiter dans le bois de Sarcin (actuelle forêt de Lucheux, en Picardie). Alors que des miracles commencent à se produire sur la tombe de Léger, Thierry III, choqué par un tel accès de violence, fait assassiner Ebroïn et convoque un concile d'évêques qui proclame la sainteté du martyr. Sa dépouille est alors transportée au monastère de Saint-Maixent à Poitiers. C’est ainsi que l’édifice de Cravant fût placé sous le vocable de Saint-Léger, en souvenir de cette translation, relatée par Grégoire de Tours.

Un édifice remarquable

Si de cette époque mérovingienne ne subsistent aujourd’hui que quelques vestiges, le site reste un formidable exemple de l’architecture religieuse transitoire du Haut Moyen-âge au Moyen-âge roman, puis au Bas Moyen-âge. Ainsi, en pénétrant dans l’édifice, on distingue facilement son évolution au cours de l’histoire : la nef du IXe siècle, qui présente un plan basilical équilibré avec de larges ouvertures en hauteur, le chœur et son abside du XIIe siècle, puis la chapelle gothique du XVe siècle, qui occupe le transept sud. Autre élément remarquable, le site rassemble également plusieurs campagnes de peintures murales, couvrant parfois jusqu’à 6 périodes réparties entre le IXe siècle et le XVIIIe siècle. Parmi ces fresques, on peut noter une scène du martyr de Saint-Léger, à la croisée du transept, ou encore l’allégeance à Notre-Dame, représentant la Vierge et ses fidèles sous un ciel étoilé, dans la chapelle méridionale. Enfin, un petit musée aménagé dans la nef expose des objets archéologiques trouvés dans les environs, parmi lesquels des sarcophages mérovingiens et deux piliers monolithes sculptés.

Les amis du Vieux-Cravant

En 1863, le bourg de Cravant est déplacé plus au sud, au bord de la route qui traverse les vignes, laissant ainsi l’église Saint-Léger désaffectée par le Culte. Mise aux enchères publiques en 1865, elle est acquise par la Société Archéologique de France qui la revend en 1933, pour cent Francs, aux Amis du Vieux Cravant. Depuis, cette association œuvre sans relâche à la restauration de ce site classé au titre des Monuments Historiques en 1913. Plusieurs gros chantiers ont ainsi été menés pour assainir le bâtiment et le portail principal a été rénové. La réfection des fresques est, elle, toujours en cours et nécessite une recherche constante de financement. Depuis 2020, des visites virtuelles sont disponibles sur le site vieux-cravant.fr et permettent à tous de se plonger dans l’histoire du site et d’en apprécier la beauté à travers plusieurs siècles d’évolution architecturale. Avis aux amateurs !

  

Le monument est ouvert 360 jours par an, de 09h00 à 19h00. Accès automatisé. Entrée 3 € (se munir de pièces de 2 €, 1 € ou 0,50 €). Chaque entrée contribue à la sauvegarde du Sanctuaire.

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