Toal Men

Du breton toal, table, et men, pierre, les dolmens sont des monuments néolithiques constitués de plusieurs grosses dalles aux formes variées, assemblées les unes avec les autres, parfois avec du mortier. S’ils ressemblent pour beaucoup à d’immenses tables dressées vers le ciel, ces édifices fascinants peuvent présenter une grande complexité : contenir des couloirs et des chambres, être recouverts d’amas de pierres, le cairn, ou de terre, le tumulus, être ornés de gravures et de peintures… Si la fonction de son cousin le menhir reste plutôt mystérieuse, celle du dolmen l’est beaucoup moins : destinés à accueillir des sépultures collectives, ces monuments ont également une fonction religieuse.

Une trentaine en Touraine

En Touraine, il existe une trentaine de dolmens, parfois pratiquement intactes, et plus d’une centaine de polissoirs, cromlechs, menhirs, ou simples blocs de pierre à même la terre, usés ou cassés par les années, dont la fonction et l’origine restent à découvrir. L’un des premiers inventaires des mégalithes d’Indre-et-Loire a été réalisé en 1963 par un préhistorien tourangeau, Gérard Cordier, qui a daté leur période de construction entre 2500 et 2000 av. J.-C. Il distingue trois grandes aires de répartition géographique : la plus remarquable s’étend tout le long de la vallée de la Vienne et de ses affluents, la seconde, dans le nord du Lochois, au sud-est de Tours, la dernière, plus éparse, au nord du département, en Touraine Angevine et au sud de la Sarthe.

Le refuge des fées

Parmi les dolmens les plus célèbres de Touraine, on peut citer celui de « la grotte aux fées » à Saint-Antoine-du-Rocher, le plus grand de tous, classé au titre des monuments historiques depuis 1914. Long de près de 11 mètres, il est constitué de trois tables et d’une dizaine de piliers, dont le poids total estimé est… de 88 tonnes ! Au pied de ce dolmen, des silex polis et des fragments de poterie ont été mis au jour grâce à une campagne de fouille menée en 1910. La légende dit que trois fées auraient construit le dolmen en une nuit et qu’elles y auraient élu domicile, lui donnant ainsi son nom. On dit également que quiconque tenterait de déplacer l’une de ces pierres risquerait de mourir dans l’année...

L’amusement de Gargantua

Mais bien sûr, au pays de Rabelais et de Gargantua, les fées ne peuvent à elles-seules être à l’origine de ces intrigantes constructions ! C’est ainsi que le bon gros géant entreprit de jouer au palet avec les mégalithes de Touraine, s’amusant à les lancer d’une colline à l’autre, « un pied posé sur le clocher de l'église de Ligré et l'autre sur celui de Lémeré distant de deux lieues ». Au cœur de cette partie, le « Chillou du Feuillet » à Descartes, le « Carroir Bon Air », également appelé dolmen de Ligré, ou encore les « palets de Gargantua » à Charnizay, une construction mégalithique qui devait être un dolmen, autrefois…

Le courroux de Saint-Martin

Mais c’est à un autre personnage emblématique de Touraine, beaucoup plus inattendu, que l’on doit de nombreuses légendes liées aux dolmens de notre département : Saint-Martin. Et pour cause ! Considérés comme des autels païens, nombreux sont les monuments mégalithiques qui ont été détruits sous son ordre, comme le dolmen de Continvoir, dont il ne reste que la table. Certains encore, en porteraient toujours la trace, comme « La Pierre couverte » à Thizay, sur lequel on retrouve l’empreinte de ses pas…

Nul doute que ces constructions extraordinaires, venues d’un autre temps, resteront l’objet de légendes et de contes, tant leurs silhouettes imposantes et paisibles offrent à notre imagination le loisir de s’évader…