Culture

Les oriels : la vogue des bow-windows en Touraine

C’est un sujet qui semble intriguer les fidèles abonnés des réseaux sociaux du Conseil Départemental d’Indre-et-Loire : les oriels. Il a suffi d’un cliché d’une jolie façade de Chinon pour susciter de nombreuses interrogations auprès des amoureux de nos charmantes cités tourangelles. L’occasion était trop belle de décrypter avec vous le succès des oriels, ces bow-windows qui ornent les villas néo-normandes de Touraine.

À la mode anglo-saxonne

Un oriel est une fenêtre en arc (bow en anglais), une sorte d’appendice qui dépasse de la façade d’un bâtiment. Comme un petit belvédère, les oriels, faits de bois, de briques ou encore de métal, surplombent une rue ou un jardin et permettent de voir et d’être vu. Composés de 3 pans, ils s’ouvrent sur une pièce, le plus souvent d’apparat, mais peuvent également être fermés par une porte. Il existe plusieurs types d’oriels, avec une base carrée, polygonale ou en arc de cercle.

Née dans les pays germaniques à la Renaissance, cette mode des bow-windows se développe en Angleterre jusqu’au XVIIe siècle. En France, elle est popularisée par Napoléon III lors de l’Exposition Universelle d’art et d’industrie de Paris en 1867. Le grand public y découvre le chalet « Haret » (ci-contre), une structure préfabriquée et démontable qui présente une silhouette atypique pour l’époque, avec sa charpente débordante, ses balcons ouvragés et son oriel. Un style caractéristique qui va lancer la mode des villas balnéaires néo-normandes de la « côte fleurie », nom donné au début du XXe siècle au littoral qui voit naître ces cottages pittoresques. Au cours du XIXe siècle et même bien après 1900, cette architecture en vogue va se diffuser dans les villes jusqu'en terres tourangelles.

 

À la recherche des oriels

Dans notre beau département, tant marqué par les grands rois du Moyen-âge et de la Renaissance, les oriels du XIXe siècle ne sont pas sans rappeler les célèbres échauguettes, ces petites pièces en encorbellement qui ornaient jadis les châteaux et permettaient un meilleur champ de vision. À la différence de leurs ancêtres défensifs, les bow-windows sont des éléments de décor, comme on peut l’observer sur la façade 1900 de la villa de Chinon (cf photo en couverture).

À Tours, tout le monde connaît cet étonnant manoir du boulevard Béranger : la « Villa Rabelais » (ci-contre). Construit à la fin du XIXe siècle pour le banquier Georges Goüin par l’architecte Stephen Sauvestre, qui a participé à la conception de la tour Eiffel en 1884, l’impressionnant cottage reprend tous les codes du style anglo-saxon, parmi lesquels notre fameux oriel, visible depuis la façade sud. Autres célèbres exemples : le magnifique immeuble Duthoo dans la rue Jules Charpentier, qui présente des bow-windows réunissant plusieurs étages et décorés de carreaux de grès ou encore la pittoresque rue Leonard de Vinci, un charmant petit lotissement construit à la fin du XIXe siècle par l’architecte Henri Racine.

Alors, lors de vos prochaines déambulations urbaines dans notre belle Touraine, levez la tête et prenez le temps d’admirer ces curieux vestiges architecturaux, caractéristiques de toute une époque.

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