Culture

Lucien Porcheron, tête de l’art

Né en 1876 au Grand-Pressigny, le peintre Lucien Porcheron a parfois été comparé aux maîtres de l’impressionnisme. Talentueux touche-à-tout, il fut également ébéniste et émailliste. Il a laissé au Grand-Pressigny le souvenir d’un personnage singulier et sans concession.

Si beaucoup d’écoliers ont rempli de dessins les marges de leurs cahiers, beaucoup ont hélas renoncé à leur rêve de devenir des artistes. Pas Lucien Porcheron. L’un de ses cahiers a été conservé, dont les dessins, déjà habiles, annonçaient un talent auquel il ne manquait plus qu’une formation. Elle vint un peu plus tard grâce à une bourse qui lui permit d’intégrer l’école des Beaux-Arts de Tours. En 1894, c’est à l’École nationale des Beaux-Arts de Paris qu’il poursuit son cursus, et dont il partage les bancs avec Henri Matisse et George Braque. Un peu plus tard encore, il reçoit des récompenses pour sa participation à des concours d’art appliqué à Tours, où ses talents d’ébéniste sont remarqués.

De la Touraine à la Provence

Des talents qu’il mettra à profit dans un contexte bien plus dramatique, au fond de sa tranchée, pendant la première guerre mondiale, en fabriquant des petits objets en bois. Mais il y dessine également des portraits et des scènes de la vie de ses compagnons d’arme. La guerre terminée, Lucien Porcheron part s’installer à Cabris, dans les Alpes-Maritimes, avec sa femme Bernadette, habilleuse dans un théâtre qu’il a épousée pendant une permission, et qui posera souvent pour lui. Une Provence stimulante, dont il peint plusieurs paysages, à l’instar des impressionnistes. Mais d’autres sites l’inspirent autant. Le Grand-Pressigny - dont il peint le donjon du château - et ses alentours, comme La Guerche ou Etableau, font l’objet de nombreuses toiles, avec leurs scènes champêtres, leurs portraits de paysans, de bergers. Mais aussi Belle-Ile-en-Mer, dont les toiles qu’il y réalisa ont pu être comparées à celles de Monet. Une œuvre qualifiée de post impressionniste, à laquelle Lucien Porcheron ajoute d’autres réalisations telles que des dessins et des gravures, mais aussi des émaux, des sculptures, de l’ébénisterie, sans compter de nombreuses poésies. Certaines de ses œuvres sont aujourd’hui détenues par le musée des Beaux-Arts de Tours, la Mairie et le musée de la préhistoire du Grand-Pressigny.

Un « caractère »

Un curieux personnage, qui proposa même, sans succès, quelques inventions dans le domaine militaire. Une personnalité forte, un caractère entier, qui ne rechignait pas au conflit, comme en témoigne, notamment, son implication dans la longue « Affaire Mittaine », du nom d’une fabrique d’engrais, installée au Grand-Pressigny. L’usine, utilisant des os et autres déchets d’animaux, dégageait une odeur rebutante et polluait la rivière. En 1917, certains habitants protestèrent et Lucien Porcheron se joignit à cette mobilisation quand il revint au Grand-Pressigny, en 1929, inondant l’administration de courriers véhéments, - au point, parfois, d’en devenir confus -, jusqu’à sa mort, en 1957, à 81 ans, dans sa ville natale.

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