La ferme des 1000 plantes

Francilien d’origine, Davy Cosson a fait le choix en 2013 d’arrêter son activité de paysagiste et de s’installer en Touraine pour y opérer une reconversion professionnelle. « Le métier de paysagiste est difficile. » explique-t-il « Ce travail ne faisait plus sens. Je me suis formé à la permaculture et à l’agroécologie avant de moi-même donner des formations. Peu à peu, le fait de devenir producteur est devenu une évidence. » Il y a cinq ans, Davy s’installe donc en tant qu’exploitant agricole et crée à Luynes, avec sa compagne Elsa, La Pépinière Comestible, labellisée Agriculture Biologique. « Le choix du Bio est purement éthique pour nous, on a tendance à ne même plus l’afficher. Quand on s’installe en tant qu’agriculteur à 30 ans, ce n’est pas pour refaire du conventionnel, surtout sur de petites surfaces, ça n’aurait pas de sens. »

Bientôt, le manque de place se fait sentir et coïncide avec l’envie d’intégrer l’entreprise à un vrai projet de vie. « On travaille beaucoup, donc on voulait vivre sur notre lieu de travail, ce qui n’était pas le cas à Luynes. On souhaitait également développer une nouvelle activité autour des petits fruits et du maraîchage. ». En 2020, le couple fait l’acquisition d’une ferme à Courcelles-de-Touraine. Créée autour de 1850, la Joulinière, qui a abrité plusieurs générations d’éleveurs céréaliers, devient alors la ferme des 1000 plantes. Une exploitation qui emploie 3 salariés, dont deux apprentis, et accueille également des wwoofers¹ du monde entier. « Nous avons acheté cette ferme dans le but d’en faire un mode de vie plus qu’un métier. » explique Davy.

Tout ce qui se mange !

Aujourd’hui, l’activité de la ferme se divise en deux pôles : la production de petits fruits (fraises, framboises, cassis, groseilles, myrtilles, rhubarbes, raisins de table…) sur 3000 m² et la pépinière de plantes comestibles (arbres fruitiers, petits fruits, herbes aromatiques, légumes perpétuels…) sur 2000 m² et une serre de 500 m². « Pour multiplier les plants, il nous faut des plantes mères. Ces plantes mères fournissent des fruits, donc il y a une certaine logique. » Une activité complémentaire donc, d’autant que la pépinière est ouverte d’octobre à juin, quand la récolte des petits fruits s’effectue entre juin et septembre. « On produit principalement des plantes « utiles ». Notre production s’inscrit dans une démarche de permaculture et d’autonomie au jardin. C’est difficile de vendre des plantes qui ne nous parlent pas, et moi ce qui me parle, c’est ce qui se mange ! » plaisante Davy.

Une spécialisation qui attire les clients, parfois venus de loin pour découvrir la gamme très étendue proposée dans la pépinière. « En déménageant, on a réussi à garder la clientèle d’avant, plutôt citadine, séduite par le Bio. Mais on a également attiré une nouvelle clientèle, plus locale, qui a des envies et des besoins différents. C’est pourquoi nous avons développé une petite gamme de plantes ornementales et de plantes de haies. » Parmi les produits insolites proposés par Davy, une plante fait l’unanimité : le poivrier. « On propose des poivriers du Sichuan et du Timut par exemple, de « faux » poivriers qui sont en fait des poivriers rustiques. Les gens ne s’imaginent pas qu’on puisse produire du poivre dans notre région, pourtant, il est très facile de remplir 2 ou 3 poivriers pour la cuisine avec un seul arbuste. » De cette diversification est né un engouement qui permet à la pépinière de développer de nouveaux services, notamment de conseil, de conception, de livraison et de plantation pour proposer aux clients des jardins « clés en main » : « En 2022 nous avons redémarré notre activité de paysagiste dans l’objectif de boucler la boucle : « Production, vente, plantation chez les clients ».

Un lieu d’échanges

Cet hiver, l’équipe travaillera également à la renaturation du lycée Henri Becquerel à Tours. « On va planter 8000 à 9000 arbres et plantes pour faire des micro-forêts dans le lycée, avec des chantiers participatifs qui réuniront élèves et parents d’élèves. » Un projet enthousiasmant pour Davy qui revendique le souhait de ne pas trop étoffer sa production. « La ferme n’a pas vocation à s’agrandir, on préfère multiplier les services et les animations et pourquoi pas développer une activité de table d’hôtes. En octobre, nous avons organisé des portes ouvertes festives, avec des ateliers, des visites guidées et des artisans, qui ont réuni 250 personnes. Quand on sait que le village compte 500 habitants, c’est un beau succès. »

Un succès qui s’explique également par l’agencement de la pépinière, conçue sans porte, ni clôture, de manière à ce que les gens puissent flâner et se balader sur l’exploitation à la découverte des plantes. « Il y a des plantes à vendre dans les serres mais aussi dans les jardins, avec des plants adultes en terre depuis 2 ou 3 ans. Les clients peuvent se rendre compte à la fois de la taille et de l’envergure des plantes dans quelques années et les prendre dans la serre pour les mettre dans leur jardin. Il était important pour nous que les gens puissent s’inspirer en se promenant, tout en faisant leurs achats. C’est la raison pour laquelle nous ouvrons le dimanche, pour proposer une balade dominicale pour toute la famille. »

¹ Les « WWOOFeurs » partagent la vie quotidienne d’une ferme avec leurs propriétaires et font l’apprentissage de pratiques agricoles biologiques tandis qu’ils passent environ la moitié de chaque journée à aider à la ferme. => wwoof.fr

www.pepiniere-comestible.fr

Accueil le mercredi et le dimanche de 10h à 17h d’octobre à mai