Culture

Souvenirs de Noël en Touraine

En ce jour de fête, propice aux rassemblements et aux grandes tablées, vous partagez sûrement, émus, des souvenirs de vos Noëls d’enfance en Touraine. On dit par exemple, que l’une des traditions dans notre département, était de laisser une chaise vide près de la cheminée afin que, pendant la messe de minuit, la Sainte-Vierge vienne s’y reposer, à côté de la bûche allumée. Peut-être même créez-vous vos propres traditions en profitant des marchés de Noël de Touraine ou de nos beaux Châteaux de la Loire, magnifiquement décorés chaque année à l’occasion de l’opération « Noël au pays des Châteaux ». Si les coutumes sont nombreuses, propres à chaque famille et à chaque époque, certaines, comme les crèches, les décorations et les illuminations, traversent les âges ! Et puisqu’au pied de notre sapin ce matin, nous avons trouvé quelques photos d’archives, c’est avec plaisir que nous partageons avec vous un petit retour en images et en témoignages, sur les petits bonheurs (et parfois les grandes difficultés) des célébrations de Noël en Touraine au cours du XXe siècle. Joyeuses fêtes à tous les tourangeaux !

Noël années 30 :

Une vitrine de Noël quelque part dans une rue de Tours, avant 1939. Les jeunes enfants se pressent pour découvrir les décorations.

Noël 1945 :

Comme le charbon et le bois font défaut en ce rigoureux hiver 1945, les Tourangeaux doivent supporter le froid et faire appel au système D. En cette période de Noël, les souvenirs des réveillons d’avant la seconde guerre mondiale resurgissent et prennent un goût un peu plus amer lorsque la presse locale en fait l’étalage : « Où sont-ils les Noëls d’avant les deux guerres ? Le 24, tard dans la soirée, la plus grande animation régnait dans la ville, les magasins d’alimentation demeurés ouverts étaient brillamment éclairés. Dans les vitrines, des montagnes d’oranges et de mandarines faisaient le pendant à de multiples régimes de bananes. Les charcuteries offraient des mètres de boudin, des pieds farcis, des andouillettes, des dindes truffées… Nous vivions dans l’insouciance, nous ne nous doutions pas des années terribles qui allaient s’abattre sur nous […]. Pour les gourmands au début du siècle, la grande épicerie Leroy offrait une livre de chocolat praliné ou à la crème moyennant 1 franc 80 […]. Voilà de quoi faire venir l’eau à la bouche des pauvres malheureux privés depuis six années de tant de bonnes choses […]. » Mais les mots ne remplissent pas les estomacs ; le 29 décembre, certains décident de brûler les cartes d’alimentation à la mairie en guise de protestation, avant d’afficher leur mécontentement à la préfecture.

« Le premier Noël de paix aurait dû être célébré avec toute la pompe qui se doit en pareille circonstance. Malheureusement, les poulardes de Bresse, les oies confites, les turbots, les soles, les pâtisseries maison et les glaces du chef ne sont pas précisément bon marché à l’heure actuelle et, pour semblable réveillon que nous assurons uniquement sur commande, il nous est indispensable de demander plusieurs centaines de francs. » (Témoignage d’un hôtelier de la place François Sicard repris dans La Nouvelle République du Centre-Ouest de décembre 1945.)

Si la dinde reste quasiment absente des tables familiales, les Tourangeaux renouent avec les traditions en se rendant nombreux à la messe de minuit. À la basilique Saint-Martin, à l’église Saint-Etienne, à la cathédrale, une affluence considérable de fidèles assiste avec recueillement à l’office et prie pour les victimes de la seconde guerre mondiale ainsi que pour leurs familles présentes à la veillée de Noël. Les arbres de Noël organisés dans la ville tentent de faire oublier aux enfants les tragédies auxquelles ils ont été confrontés. À la 7e division aérienne, c’est la fête pour les orphelins et les enfants des militaires car, après un spectacle de qualité, tous repartent les bras chargés de cadeaux. La même ambiance festive règne aux arbres de Noël des travailleurs déportés, du groupe Libé-Nord, de la section Tours

Noël 1946 :

Publicité publiée dans la Nouvelle République en 1946.

En décembre 1946, comme les prix commencent à baisser, les parents encouragent leurs enfants à écrire des lettres au Père Noël. Les jouets comme les chevaux à bascule ou à roulettes, les brouettes… ont retrouvé un prix relativement modique mais ce « que l’on ne voit pas à Tours, ce sont les innovations parisiennes, dernières nées de la technique : Pinocchio a été remplacé par Mickey Mouse, poupées d’aluminium contingentées avec des droits d’auteur peut être prohibitifs mais qui, l’an prochain, sans doute apparaîtront en province […] » (La Nouvelle République du Centre-Ouest.)

Une géline cuisinée au vouvray et à la crème fraîche agrémentait le repas de fête des Tourangeaux. On la trouve notamment sur les tables aristocratiques, le plus souvent pochée, bardée et remplie d’une farce réalisée à partir de porc, de foies de volailles, de truffes et d’alouettes.*

*Sources : Hervé Chirault et Aude Lévrier, Tours de A à Z, Sutton 2006.

Été 1955 :

Cette reconstitution de la crèche par les élèves de l’école Sainte-Clotilde, à Amboise, date de Noël 1955. Seul Saint-Joseph esquisse un sourire !

Noël 1959 :

Pour le journal l’Espoir, le photographe Arsicaud a choisi en 1959 de prendre ce cliché de la place Jean Jaurès flanquée de deux superbes arbres de Noël. Rue de Bordeaux, alors encore ouverte à la circulation, les guirlandes célèbrent l’esprit de Noël. Certains commerçants souhaitaient que la municipalité permette le stationnement des deux côtés de la rue, pour favoriser le commerce…

Photo : © Fond éditorial des Éditions Sutton

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