Culture

Toponymie des communes de Touraine : Villeperdue

À quelques kilomètres au sud de Tours, entre Sainte-Maure-de-Touraine et Sorigny, se trouve une commune au nom pour le moins atypique : Villeperdue. Un atout si l’on en croit son maire, Frédéric Dupey, qui nous rappelle non sans humour que si les tourangeaux ne savent pas toujours situer la petite ville de 1000 habitants, ils se souviennent parfaitement avoir déjà entendu son nom. Découverte d’une ville qui gagne à être trouvée !

Villa Perdita

C’est au début du Moyen-Âge que la présence d’une « villa » carolingienne, sorte de vaste domaine médiéval issu d’une villa romaine primitive, donne à la localité son nom de « Villa Peurera ». Au XIe siècle « Villa Peurera » prend le nom de « Villa Perdita », et c’est là que les sources divergent… La « Villa », propriété des comtes d’Anjou, est cédée à l’archevêché de Tours. Ce changement de localité pourrait ainsi en expliquer le nom. Autre hypothèse, « Perdita » aurait été adoptée après la célèbre bataille de Poitiers en 732, qui aurait mené les sarrasins vaincus à dévaster la petite commune, alors jugée « perdue ». À la fin du XIIIe siècle, un dénommé Pierre Bonnard est désigné pour administrer le fief de la « villaperdita », au nom des archevêques de Tours et y fait construire une forteresse, fortement remaniée au XIXe siècle et toujours visible aujourd’hui, nommée Boisbonnard.

Quelle qu’en fût l’origine, le nom de Villeperdue continue de nos jours de susciter la curiosité, jusqu’à devenir un argument marketing en 2012 pour une célèbre marque d’électroménager qui vante sa capacité de livraison partout en France, et "même si vous habitez à Villeperdue, dans le 37". Stupeur pour les Villeperdusiennes et Villeperdusiens représentés par l’ancien maire Roland Mariau, qui déplore à l’époque un message peu élogieux pour sa commune et ses habitants. Une lettre d’excuses plus tard, ce ne sont pas moins de 10 ordinateurs qui sont offerts par l’enseigne à la petite école de Villeperdue… une livraison facilement honorée !

La revanche des « Introuvables »

Pourtant, reconnaît l’actuel 1er magistrat de la ville, c’est bien parce que cette commune est loin d’être perdue qu’il a choisi de s’y installer, il y a 10 ans. Premier point fort de Villeperdue : sa gare, qui permet d’être à Tours en 14 minutes ! Autre atout de la petite commune, sa renommée en matière de bricolage. Siège historique des établissements Dufresne, Villeperdue possède également un autre magasin prisé, Gedimat, et peut s’enorgueillir d’attirer depuis longtemps les bricoleurs de toute la Touraine. Sans oublier sa piste de karting, la plus grande du département, et sa discothèque, le « Light club », autrefois connue sous le nom de « Stardust », boîte de nuit historique de l’agglomération tourangelle.

Mais Villeperdue est avant tout une commune où il fait bon vivre : avec ses commerces (restaurant-traiteur, bar-tabac, boulangerie, coiffeur et même une épicerie créée pendant le confinement dans une graineterie), sa bibliothèque, gérée par des bénévoles dans l’ancienne maison du garde-champêtre léguée à la commune, son terrain de football, son centre équestre, son gymnase ou "salle polyvalente" à propos de laquelle plusieurs anciens rappellent régulièrement au "nouveau" maire qu'ils ont aidé à monter le plancher en chêne,  et sa salle des fêtes. Une fierté pour Frédéric Dupey qui s’intéresse beaucoup à l’histoire de Villeperdue, et notamment à ses commerces et à ses vieux métiers : historiquement, la commune a connu aussi un hôtel "de la gare", un maréchal-ferrant et… comptait pas moins de 4 bars !

Indéniablement, cette petite commune a bien plus à offrir que son nom cocasse, dont les habitants eux-mêmes savent jouer avec malice… En témoigne le nom de l’équipe de Roller-Hockey de Villeperdue : les « introuvables », évidemment !

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