Solidarités

Violences sexuelles : des femmes s’escriment à revivre

Pour la troisième année consécutive, l’association Stop aux Violences Sexuelles 37 accompagne un groupe de femmes dans leur reconstruction, avec un outil pas comme les autres : l’escrime.

« On m’avait dit que je verrais changer les participantes, y compris physiquement. Mais même en étant prévenue, j’ai été surprise : je suis frappée de voir ces femmes avancer, et presque renaître ». La maître d’armes Camille Rocheteau accompagne ainsi chaque mois durant quatre heures une dizaine de femmes victimes de violences sexuelles. Après une heure d’échanges entre les femmes et la psychologue présente, toutes enfilent gants, masques et protections pour apprendre l’escrime durant 2h30. Avant de partir, on refait le point. Puis on se dit « à dans un mois ».

Bien plus que de l’escrime

L’ESCRIME,UNOUTILTHERAPEUTIQUE

C’est l’idée développée par la médecin Violaine Guérin et des maîtres armes parisiens depuis déjà dix ans. Un protocole de dix séances d’escrime thérapeutique a ainsi été mis en place, et est désormais diffusé dans toute la France grâce aux antennes locales de l’association Stop aux Violences Sexuelles (SVS). En Touraine, c’est SVS 37 qui les organise à Monts et Tours, avec la participation des maîtres d’armes de l’Amicale Montoise d’Escrime de la Fédération Française d’Escrime, des municipalités concernées, et le soutien du Département, à travers l’engagement financier de celui-ci, et la pleine mobilisation de Brigitte Dupuis, conseillère départementale déléguée en charge de la défense du droit des femmes et de l’égalité.

« Les maîtres d’armes sont formés à Paris, et j’ai été accompagnée en Touraine par Bertrand Garreaud qui a lancé des ateliers similaires à Monts, explique Camille Rocheteau. On fait de l’escrime, bien sûr, mais chaque séance a un thème et un déroulé précis en lien avec le suivi thérapeutique ».

Des moments forts

Pour la Dr. Isabelle Hemar, bénévole pour ces ateliers thérapeutiques, les bienfaits sont multiples pour les participantes : « subir des violences sexuelles, c’est un trauma et une vraie bombe à fragmentation, avec parfois des processus de dissociation. Pratiquer cette activité physique, c’est le moyen pour elle de se rassembler, de réunir corps et esprit, d’exprimer des choses de manière non verbale. Le fait d’évoluer dans une piste avec des limites, d’être protégée, d’être ancrée dans le sol, de respecter des règles, ce sont des expériences qui aident les participantes dans leur parcours personnel ».

Pour les accompagner, les « chouchouter », la séance est encadrée : le Dr. Hemar, une psychologue, une kinésithérapeute, et une personne en charge de l’accueil (café, chocolat, réconfort et paroles douces) s’ajoutent à la maître d’armes. Mais la voie de la guérison doit aussi passer par des séances individuelles de thérapie, obligatoires pour participer à ce dispositif.

Au fil des séances, les abcès crèvent, les émotions s’emmêlent et se démêlent, les langues se délient, et l’envie de vivre pleinement revient. Pour toutes, participantes comme accompagnatrices, ces dix rendez-vous en dix mois sont sources de « belles rencontres, de moments forts, et d’espoir » comme le dit le Dr. Isabelle Hemar.

Pour plus d’informations : : contact@SVS37.org

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